Tom Price: top place in WQ

C'est par cette affiche que nous sommes accueillis à Tom Price, la ville minière qui précède l'entrée au parc national de Karijini. Après 130km de piste rouge (avalés par Julie qui s'enhardit petit à petit) et avec ses abords industriels, le slogan laisse un peu songeur. Mais la "visite" n'est pas en option, question essence et eau bien sûr!

La première surprise vient de la panne provisoire (on espère…) de la seule pompe à essence! Nous voilà prévenus! Mais les gens ne sont pas trop inquiets et on part faire les courses en attendant que cela soit réparé. La ville a un centre commercial COLES, notre préféré, qui est ouvert le dimanche, bien sûr, la mine n'ayant pas vraiment de jour de congé. La deuxième surprise vient de l'aspect des voitures sur le parking du centre commercial. 100% 4x4, 100% blanc, 100% équipées de gyrophares et de drapeau de signalement…

On est bien dans une ville qui n'a rien d'autre que sa mine! Le COLES est bondé comme un samedi chez nous et le taux d'obésité, de bodybuildés et de tatoués est ahurissant… la plupart cumulant deux catégories au moins. Les mines australiennes sont une des grosses sources de revenus du pays, mais ni de culture, ni de loisirs! On le savait, on le vérifie maintenant!

La station essence réparée, nous faisons le plein de nos deux réservoirs plus un jerrycan de secours car on commence à sentir une certaine pression! 140 litres de diesel et 90 litres d'eau à boire devraient nous permettre de voir venir! Départ donc pour Karijini à quelques dizaines de kilomètres au nord. Les étendues désertiques se muent petits à petits en paysages plus montagneux avec des collines en forme de table faisant penser à des temples Aztèques, striées horizontalement par les couches de minerai, le sol se couvrant d'herbes hautes parsemées d'arbres aux troncs clairs. Le ciel bleu limpide et la clarté de l'air rendent les contrastes toujours aussi saisissants.

Le parc national borde en fait la mine qui peut donc être appréhendée en grimpant sur un des contreforts, le Mt Bruce, qui est le deuxième plus haut sommet de tout le Western Australia, avec ses1235m. On avait jusqu'ici jamais réalisé que cette partie du pays était si plate! Même si on ne fait pas l'ascension complète, la mine a l'air immense, de loin, et c'est toute la/les montagnes qui sont petit à petit mangées pour en extraire le précieux minerai, ici de l'acier de haute qualité. Sept trains de 2 km et 20'000 tonnes chacun partent chaque jour vers les usines de traitement et de conditionnement situées à Dampier. C'est tout simplement monstrueux, un des plus gros fournisseur en acier du monde…

Nous continuons notre remontée dans le parc et nous installons dans une Eco Lodge, un nom et un moyen simple de faire payer la même chose plus cher… Elle borde un des jolis coins du parc qui est surtout connu pour ses gorges qui serpentent sur une terre a priori plutôt plate.

Il n'y a pas la moindre mouche, et rien qu'avec ce "détail", on se croirait au paradis. La tente vite montée dans un coin assez isolé, nous profitons pour aller faire trempette dans l'eau douce et très fraîche avant la tombée de la nuit. Le chemin s'enfonce petit à petit puis assez verticalement dans la gorge et devient plutôt une désescalade qu'un chemin. Nous progressons de couche en couche dans ce rocher rouille et friable jusqu'au fond où un petit lac repose.

Le plongeon (en douceur, c'est très froid…) dans cette eau limpide et douce est comme un baptême, une renaissance. Après quelques semaines sans eau vraiment douce pour se laver (le mieux qu'on ait eu était toujours de l'eau saumâtre), après des jours de poussières, et surtout après les attaques de mouche de la veille, on se sent comme purifié! C'est un sentiment magique et immédiat qui nous remplit au propre comme au figuré car l'eau est même potable… et en plus bonne, contrairement à ce qu'on subit depuis des mois! On oublie trop vite chez nous, à quel point avoir de l'eau potable, qui plus est, bonne, qui coule de nos robinets de cuisine, est un luxe que peu de gens partagent sur cette planète!

Le silence est total, juste troublé par les cris et les battements d'aile des cacatoès qui nous survolent plusieurs fois. On commence à comprendre pourquoi bien des gens nous ont venté ce parc et ses sources.

Nous remontons au coucher du soleil, entourés de ces oiseaux de volières qui continuent à nous surprendre. Toujours pas de mouche, ni de moustique: en ajoutant l'eau douce, serait-on en plein jardin d'Eden australien??