Lever de soleil enchanteur sur la petite gorge qui borde notre campement
Le programme du jour est un excursion à la Geiki Gorge, à 60 km en arrière et à l'est, nous permettant de laisser la tente pour la retrouver à notre retour pour une deuxième nuit. Nous traversons Fitzroy Crossing, communauté aborigène, et comme chaque fois nous sommes surpris par ces quartiers et ces villes. Manifestement au bénéfice de subventions du gouvernement, les écoles et les bâtiments publiques sont souvent flambants neufs, et habités partout par des groupes de gens assis par terre, au pied des arbres, au bord des routes, dans les jardins publiques, ne faisant apparemment rien d'autre que de profiter de la vie et de boire de la bière. On a une compréhension très partielle et peu objective de la situation mais il semble que l'Australie soit si peu fière de son attitude face à la population native, qu'elle tente actuellement un rachat de bonne conscience en les assistant de manière outrancière. Subvention exagérée des communautés, scolarisation gratuite, préférence pour l'octroi d'emploi à qualification semblable etc etc… Le résultat est malheureusement une absence complète de motivation à se sortir de la situation, une tendance à profiter de la manne gouvernementale et à se complaire dans l'état actuel. Kitty nous avait déjà raconter sa frustration par rapport à la scolarité souvent abrégée et à l'absence de motivation de ces familles qui n'attendent que le payement de leurs allocations. Dans les communautés cela se traduit par une désertion par les aborigènes des responsabilités et de l'activité sociale, et des magasins qui sont tenus par des asiatiques, ou des Australiens. Le problème de l'alcool est un autre aspect des difficultés face à cette communauté autochtone et Fitzroy Crossing est par exemple une "dry city", une ville d'où l'alcool est tout simplement banni. C'est terriblement triste de voir que cette communauté qui recèle des trésors en matière de tradition et de culture, est forcée de faire une entrée ratée dans une civilisation qu'on lui impose, peu après lui avoir volé ses terres … Un remake de ce que l'on a fait aux indiens d'Amérique, juste un peu plus frais dans les mémoires.
La Geiki Gorge est un passage de la Fitzroy river à travers une zone de canyon, où l'on peut observer des crocodiles et mêmes des requins! Pourtant l'eau est douce et on est à des centaines de kilomètres de l'océan. On a la confirmation de cette curiosité que je ne comprends pas bien… Côté crocodile, il s'agit de Freshies (Fresh Water Crocodiles), beaucoup moins agressifs que les Salties qui ont vraiment mauvaise réputation. Deux activités principales sont proposées dans la gorge, la balade à la recherche de crocos et la … baignade. On nous recommande toutefois de bien faire du bruit et de nager avec énergie en giclant le plus possible pour les tenir éloignés!
Nous partons donc après le repas pour une marche de deux heures le long de la rivière, actuellement relativement basse, d'une cinquante de mètres de large alors que le lit aux abords fait plus de deux cents mètres témoignant de sa taille en saison des pluies.
Les rochers qui la bordent sont magnifiques, multicolores et pour une fois presque sans touche rouge! Nous dérangeons un goana qui hésite à nous couper la route pour aller à la rivière, puis tout à coup se met à courir sur les pattes arrières, démarrant comme un dragster avant de se reposer et de finir le sprint en 4x4!
Au bout d'une heure le passage n'est plus possible et la berge ne serait accessible que de l'autre côté de la rivière… que nous n'avons pas trop envie de traverser à la nage.
C'est pourtant à ce point précis qu'il est "recommandé" de se baigner, ce que nous faisons avec une certaine méfiance et pas mal de mouvements… Evidemment, aucun crocodile n'est venu perturbé la séance!
Sur le retour on croise de grands kakatoès noir à queue rouge puis faisons un brin de causette avec deux français, Nico et Caro, en vadrouille pour deux ans autour du monde et qui nous font envie avec leurs magnifiques souvenirs de Tahiti. Un peu plus âgés que la plupart des autres voyageurs français rencontrés, ils voyagent avec un minibus neuf et n'ont pas de plan "working holidays" les démarquant des habituels backpackers qui vont de galères en mauvaises surprises avec des voitures souvent pourries et mal adaptées tant au camping qu'aux pistes australiennes. Le statut de fauchés de beaucoup de backpackers et leur tendance à essayer de ne jamais rien payer, ni les parcs, ni les fruits chapardés ça et là, ni parfois quelques courses dans les grands magasins, ont petit à petit forgés aux backpackers, et malheureusement surtout aux backpackers français, une mauvaise réputation, qu'ils payent par une méfiance croissante de la part des habitants et notamment des rangers et de la police! On se remémore quelques-uns de ces voyageurs souvent bien sympas et poussés par les illusions de leur jeunesse! Ils ont notamment passé une semaine à Broome avec Stéphane et Laura, le jeune couple parisien dormant sur les sièges avant de leur vieille Holden que nous avons croisé plusieurs fois depuis Lucky Bay!
Le soir nous retournons à notre campement au pied des baobabs, et sommes rejoints comme prévu par Sam et Fanny. Nous nous étions arrêtés pour regarder des fermiers charger deux camions de 3 remorques de deux étages de bétail, un travail de loin pas facile!
Nous passons la soirée au coin d'un feu, rejoint par une famille australienne du New South Wales, invitée par Chap, et nous débattons de tout et de rien, comme d'habitude, de la vie de voyageur et de politique. Comme chaque fois, le débat sur les aborigènes est douloureux, et il leur est, comme pour nous, difficile de comprendre. Le regard croisé de Sam et Fanny qui commence à bien connaître le pays est intéressant et notamment l'avis de Fanny, qui était à la base très révoltée contre le gouvernement et les australiens en général, et qui petit à petit glisse vers cet état d'incompréhension et de tristesse.
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