La nuit a été calme, toujours habitée par les Dingos mais aussi par nos deux nouveaux voisins, qui à une distance 15m à gauche dans une caravane (!), et à 25 m à droite dans une tente, se sont fait un duo de ronflement digne de la Grande Vadrouille…: ahhh les joies du camping. On préfère largement les Dingos! Le matin ce sont comme toujours les oiseaux qui nous réveillent et ici comme souvent ailleurs, les corbeaux, dont le chant depuis un moment déjà ressemble plus à celui de nos corbeaux. A Perth et à Margaret River, ils avaient un croassement qui se terminait toujours par un Oooohhh descendant comme s'ils se plaignaient… On avait finit par trouver ça drôle et je leur répondais souvent… "mais c'est pas si grave, tu verras, ça ira mieux".
Nous commençons la journée par une visite familiale à la fourmilière de bull-aunt! C'est assez monstrueux! Et cela va bien avec le pays: tout est si grand par là! Histoire de pouvoir évaluer la taille sur nos photos, je dépose un couteau suisse sur le sommet… De cinq elles passent à 100 puis à 1000??? C'est hallucinant! A se demander si elles allaient pas nous le manger, notre couteau!
Nous passons le plus clair de la journée sur la route, quittant petit à petit l'univers strié de Karijini pour le désert infini qui s'enfonce au nord.
L'éloignement est saisissant, pas la moindre maison, pas de signe de vie, sinon les innombrables road train que nous croisons! Waouhh… quels monstres!
En s'arrêtant sur une aire de repos pou manger, on tombe par hasard sur un contrôle volant de la brigade des transports. Ainsi on voit s'arrêter plusieurs de ces monstres et on peut échanger un peu avec les agents australiens toujours prêts à bavarder. Celui qui est devant nous au moment de la discussion est un "4 remorques", de 23 essieux de 4 roues (7 groupes de 3 et un de 2) et l'essieu directeur avec ses 2 roues… total? 94 roues!!! 20 tonnes par groupe de trois, 16.5T pour le double et 6T pour le simple… soit pas moins de 160T!!!
On comprend mieux que de tels engins ne s'arrêtent pas pour un kangourou ou une vache et d'ailleurs la route est bordée de cadavre divers, dont une vache tous les 2 kilomètres au moins! On a même vu un buffle mort… énorme! D'après les traces de pneus le camion qui l'a shooté a fait d'ailleurs une sacrée embardée! J'imagine la frayeur du conducteur!! Beaucoup des road trains sont des cargaisons provenant des mines et complétant les trains immenses que l'on croise aussi épisodiquement. Les chauffeurs des road trains sont triés sur le volet: permis très spéciaux, travail un mois de suite puis une à deux semaines de vacances, avec un salaire annuel très enviables de 220'000$! Pas mal!
A 150km de la ville la plus proche en avant, Port Hedland, on dépasse un cycliste, emmitouflé dans des habits longs avec une cagoule pour se protéger du soleil et de la poussière de la route.
Prix de pitié sinon d'admiration, on s'arrête pour lui offrir un Coca frais et un peu d'eau… Il s'agit d'une cycliste de 40 kilos en fait, de Taïwan, qui a commencé son périple à Geraldton et qui a prévu 8 mois pour faire le tour de l'île… rien que ça!!! De l'ordre de 40'000 kilomètres! Quelle folie!
Elle avance à 15-18 km/h max avec quelques litres d'eau, une petite tente, et une sacrée dose de courage et de persévérance! Nous qui commençons par moment à trouver que le temps de poussière et d'inconfort a assez duré, on se dit qu'on est pas fait pareil! On échange quelques photos, des sourires et une révérence bien asiatique et incongrue au milieu de cette immensité.
En quittant Port Hedland, on croise un parking pour camions de mine… et on est à nouveau ébahit par la taille de ses engins… Quel gigantisme partout!
Pour la nuit on vise une aire gratuite à 60 kilomètres en direction de Broome que nous atteindrons demain, mais on profite du réseau de la ville pour décharger nos mails et préparer notre arrivée à Broome, service de la voiture en tête, histoire de ne pas perdre de temps sur place. Courses, matériel d'entretien pour la voiture qui aligne les kilomètres sans broncher (on a passé les 15'000), et essence bien sûr.
On replonge immédiatement dans le désert en sortant de la ville non sans attendre le passage d'un train, qui nous laisse largement le temps de nous arrêter un moment… et de compter les wagons…: 250!!! Ça met un certain temps à passer!!!
L'aire de repos du jour nous réserve une bonne surprise et une bonne douche froide! Magnifique bord de rivière avec long chemin bordé de terrain d'herbe permettant de planter la tente sans sortir l'explosif et sans plier la moitié des sardines comme chaque soir!
La douche froide vient de Julie qui à peine entrée dans la tente montée pour installer les affaires intérieures, crie (elle est assez expressive…) de douleur sinon de surprise: l'herbe est australienne c'est sûr, piquante comme un chardon et traversant facilement le sol de la tente!! Aie aie aie! Il faut à tout prix éviter de percer nos matelas gonflables sinon les prochains cailloux vont mal passer! On double donc le sol avec nos bâches et nos linges de bains en espérant que cela suffise et ne ruine pas le confort des prochaines semaines! Puis on installe la table à l'intérieur pour éviter les autres trucs piquants, les moustiques! Heureusement que les gens sont moins difficiles d'accès!
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