Je me lève à 5h45, peu avant le soleil, par un froid de canard (7°) et fais fuir deux kangourous en sortant de la tente. Soulagé de voir que l'endroit choisi de nuit hier soir n'est pas si mauvais et que la rive toute proche étant suffisamment escarpée, le risque de croiser de gros lézards est virtuel. Le côté opposé, par contre est sablonneux et forme une grande plage, assez idéale pour réchauffer les sauriens.
Les kakatoès au lever du jour, un sacré réveil matin!
Me cachant dans la voiture pour écrire un peu avec les quelques degrés de plus permettant d'actionner mes doigts, j'ai la visite d'un autre petit kangourou qui fait le tour du campement à la recherche de quelques restes. Mais on les avait caché… et pas à cause de lui!
La Windjana Gorge n'est qu'à 25 km en arrière et nous pourrons ainsi aller la visiter pendant la journée tout en laissant la tente au bord de notre rivière: un démontage de moins est toujours bon à prendre! Nous y arrivons de bonne heure, la meilleure façon de voir les crocodiles qui sortent pour venir se réchauffer sur les berges sablonneuse de la rivière. La balade fait 7km aller-retour et ne présente pas d'autre difficulté que de ne pas marcher sur un crocodile ou un serpent…
Le début de la marche passe par une faille dans le rocher qui débouche sur la rivière qui serpente au fond d'un gorge taillée comme Tunnel Creek dans un ancien reef du Dévonien.
Très vite nous tombons sur les premiers freshies, les plus grands faisant 2.5 à 3 m. En principe sans danger, contrairement aux salties qu'on ne rencontre pas ici, ils peuvent être approchés à quelques mètres (on s'arrête à 5 mètres environ) et si on les dérange, ils ont tendance à partir se cacher dans l'eau.
Cette balade est un authentique saut dans le passé, avec ce reef, vestige d'une mer disparue depuis des millions d'années, et ses habitants, toujours là comme au temps des dinosaures! Les parois en partie de roche calcaire sont couvertes de fossiles de nautiles, également témoins de ces temps anciens. La balade nous rappelle à certains égards la vallée du Nozon à St-Loup, les crocodiles en plus. La rivière est d'ailleurs littéralement infestée de crocos, on en voit des dizaines, les plus petits faisant 1-1.5m et les plus grands de l'ordre de 3m, ce qui est la taille maximale de cette famille. Les salties quant à eux peuvent faire jusqu'à 7-8m!!!
Titouan, l'ami des animaux est aux anges. Il pourrait rester des heures à attendre qu'ils bougent une écaille, alors que Julie s'impatiente, lui disant :"Allez viens, tu vois bien qu'ils sont morts!"
L'avantage de ce parc national est entre autre la présence d'eau claire potable et, dès notre retour, c'est la fête de l'eau, le plein des réservoirs et la douche pour tout le monde. L'occasion aussi de se poser sur une "vraie" table et de travailler un moment à l'ombre, et de retomber sur Fanny et Sam qui nous rejoignent cette fois pour un bout de route commun, ayant fini de nous "rattraper". On espère que notre rythme ne sera pas trop lent pour eux et qu'on arrivera à se sentir indépendant, école comprise…
Pendant la préparation de notre repas de midi, nous faisons connaissance avec Russel, le guide d'un groupe de touriste de chez www.kimberleywild.com qui emmène son groupe en camion 4x4 sur la Gibb River Road depuis une semaine et fait son dernier stop ici, avant le retour à Broome. Une semaine à 6000$ par tête de pipe, tout de même. Russel profite de sa semaine car pour une fois il n'est pas seul avec son groupe car il a emmené avec lui un petit nouveau qui commence à guider sur ce tracé. Cela lui donne un peu de temps pour discuter, alors que d'habitude c'est la course de 4h30 à 22h, pour préparer les repas, conduire et commenter, organiser et guider les expés d'un jour, refaire les repas, aider à préparer les campements sous tente etc, etc… Un jour de vacance par mois, 8 mois de suite, puis 4 mois OFF. Notre choix de voyage d'une année avec de grands enfants, le passionne et il ne cesse de nous féliciter d'avoir choisi ce petit risque pour vivre une aventure de rêve. On le sait bien, mais on apprécie cette reconnaissance venant d'un type qui sait ce que signifie installer son campement chaque jour, et qui ne confond pas notre aventure avec des vacances sur une chaise longue, une pinacolada dans une main, un bouquin dans l'autre. Même si parfois on apprécie un peu de repos, on est loin de la sinécure!
Dès qu'il a un moment, il revient vers nous pour babiller, puis nous propose de nous aider à optimiser la suite de notre voyage, sachant qu'on est un peu court sur la fin! Il nous dresse une liste des trucs à faire entre la Gibb et Darwin, un véritable programme avec les étapes et les visites, les musts et les options! Génial! Cela nous permet aussi de débattre entre sur notre difficile choix à ce stade:
Darwin et le Kakadu que certains considèrent comme le plus beau parc australien, et le Red Center (= centre rouge de l'Australie), au sud d'Alice Spring, avec les McDonnell Range, Kings Canyon et finalement Uluru (= Ayer's Rock, le plus gros monolithe du monde, et un rocher sacré pour les Aborigènes). Nous sommes trop limité par le temps, voulant absolument 10 jours à Sydney pour organiser le fret de notre matériel et la vente de notre voiture, et devons choisir entre les deux. D'autres choix ont été fait avant, comme de ne pas monter à Cairns et sur la péninsule d'York, sauter la Grande Barrière de Corail avec l'argument du prix, de notre plaisir sur la barrière du Ningaloo et de la suite à Tahiti, et enfin de ne pas aller aux îles Whitsundays, véritable joyaux, mais extrêmement chères et probablement juste d'autres îles paradisiaques comme Tahiti. C'est ce même argument de prix et de similitude qui nous a fait nous restreindre à Tahiti, et ne pas aller aux îles Cook et Fidji comme nous l'avions projeté au départ.
Darwin, ce serait aussi poursuivre jusqu'au bout l'aventure de l'ouest australien, sur les traces de Crocodile Dundee, et de voir de "vrais" crocodiles, les salties, les plus gros du monde, des authentiques descendants des dinosaures. Les enfants sont 100% pour le nord. Le Red Center, ne serait finalement que d'autres gorges, d'autres canyons, un autre sable rouge avec un gros caillou, que l'on sait pris d'assaut au lever et au coucher du soleil par 1000 personnes chaque jour, et qui risque de nous frustrer un peu. Le seul point négatif, ce sont les moustiques et les mouches, qu'il faudra que nous supportions pendant ce temps, mais il semble que nous sommes à la moins mauvaise période!
En nous quittant, Russel nous amène les restes de nourriture de toute l'expédition, ce qui est une manne pour notre autonomie sur la Gibb! Merci Russel!!
Fin de journée sur la route dans une ambiance de bout du monde...
Eblouis par la beauté du ciel et aveuglé par la poussière de la route...
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