Nuit moyennement agréable, la faute aux fêtards et aux avions…, on décide de partir au plus vite pour visiter le musée d'art et d'histoire de Darwin, qui possède une belle collection d'art aborigène et une partie histoire naturelle avec notamment une réplique de "Sweet heart"….
Le musée est situé au bord de la baie de Darwin, sur une superbe plage bordé par des palmiers et une esplanade d'herbe où il est bien agréable de s'arrêter un moment.
La visite du musée commence par une partie aborigène et une fois de plus nous sommes touchés par l'art pictural de ce peuple. Personnellement, adorant Paul Klee, je retrouve dans ces peintures primitives, la simplicité des sujets, la naïveté apparente des motifs et la gaieté des couleurs. Le tout dans un style souvent pointilliste au sens littéral (des milliers de petits points strictement ronds…), associant parfois une technique de lignage croisé minuscule qui donne un quadrillage très fin, mais qui de loin se mélange avec les points. Les sujets sont parfois abstraits, parfois plus concrets avec les animaux gravitant autour de la vie des aborigènes: kangourous, goanas, poissons, serpents etc… Les peintures sur écorce, modernes et anciennes, sont mélangées témoignant de la pérennité de cet art millénaire.
Un documentaire filmé montre un vieillard peignant un grand kangourou sur un rocher abrité qu'il avait repéré et qui comme souvent, avait déjà été peint. Le moderne se mélange avec l'ancien, ici aussi, sur le même support. Pour fêter la fin de la peinture recelant une part du sacré de l'esprit de l'animal, le village danse, le corps décoré à la peinture blanche…
Un autre partie de l'exposition montre différents outils et armes faisant partie du patrimoine aborigène et remontant à guère plus d'un siècle. En voyant ces outils, lances, boomerang, pierre à feu, couteau bilame, on se sent projeté à l'erre de la pierre taillée alors que tout cela n'a que 150 ans… Une fois encore on est frappé par ce pays, découvert par les blancs vers 1770 (Capitaine Cook), et qui a vu une bataille de civilisation incroyable rejouant l'histoire des Amériques avec trois siècles de retard (et sans avoir appris grand-chose…). La tentative d'intégration des enfants dans le système scolaire en volant un enfant sur trois pendant 60 ans entre 1910 et 1970 n'a rien amélioré, éclatant les communautés, séparant les familles qui tentaient de suivre leur enfant pour avoir une chance de les voir de temps à autres. Cette "génération volée" ainsi qu'elle est appelée, n'a de loin encore pas digéré cet outrage. Quand on rajoute le fait que le droit de vote n'a été accordé aux aborigènes qu'en 1967… on comprend que l'intégration peine encore! Il leur a fallu 19 ans de lutte et de négociation non armée pour obtenir l' "Aboriginal Act" décret leur accordant le droit d'exister.
La suite du musée nous amène à la partie histoire naturelle où nous avons plaisir à découvrir et à lire un peu sur les animaux que nous observons depuis des mois. Puis vient la salle consacrée à Sweet Heart, le nom donné à un célèbre crocodile de 5.5m et 780 kg empaillé ici! Capturé en 79 il avait défrayé la chronique depuis 1970 en s'attaquant aux hélices de nombreux bateaux de pêche dans la région de Darwin, mettant en péril les occupants sans jamais s'attaquer aux humains… Les attaques se rapprochant il avait été décidé de le capturer et de le mettre dans une ferme. Malheureusement la capture s'est mal passée, et anesthésié, il s'est noyer pendant le transport. Le squelette et le corps empaillé font partie de attractions du musée! Il faut dire que 5.5m … c'est gros!
La dernière partie du musée que nous visitons, moins intéressé à l'art moderne local, concerne le cyclone Tracy, qui a dévasté la région en 1974 faisant de nombreuses victimes et changeant complétement l'attitude des habitants de Darwin face aux éléments. Suite à cette catastrophe, la ville perdit son aura de ville tropicale paradisiaque mais fût reconstruite de manière plus moderne, mieux adaptée à ce risque.
Petit tour par le centre ville pour faire quelques courses et faire sensation parqués avec notre camion sur-surchargé, couvert de poussière manifestement sortis du bush et décoré de sa tête de taureau… On a de nombreux commentaires et questions sur notre parcours!
Nous roulons pour le Kakadu et faisons une halte au bord de la rivière Adelaïde, pour un Jumping Crocodile Cruise. Il y a plusieurs façons d'observer les crocodiles… La plus difficile et naturelle est la marche et l'approche très discrète de ces animaux qui se cachent plutôt que de se pavaner devant les caméras… Il faut être patient, prudent, observateur et bien connaître le coin pour s'aventurer à pied. L'autre façon de faire est la balade "promène-touriste" en bateau. Les crocodiles sont habitués depuis le temps et restent sur les berges, permettant de les observer. La façon la moins naturelle et la plus impressionnante et de faire un cruise où les crocos sont nourris à la viande par des gens qui leur tendent des morceaux avec des cannes en les poussant à sauter pour attraper le morceau! Sauter hors de l'eau fait partie de la technique de chasse du crocodile qui s'attaque parfois à des oiseaux en vol ou sur des branches, mais dans le contexte c'est certainement un peu chiqué! N'empêche, c'est le meilleur moyen de voir ces animaux de près et en action, car sinon c'est plutôt des animaux qui bougent extrêmement peu! On choisit donc ce type de show, et partons en bateau à la découverte de ces monstres préhistoriques.
On en voit un tout les 100m et le plus gros fait environ 6m mais ne s'intéresse pas à nous. Le plus gros sauteur fait dans les 4.5m et nous impressionne beaucoup évidemment!
Les mâchoires sont d'une puissance incroyable et chaque fermeture provoque un claquement d'air effrayant! La jolie hôtesse distribue ainsi quelques kilos de viande rouge, penchée sur le devant du bateau et jouant avec les crocos comme nous autres avec de petits chatons…
Sur le retour, elle repère un aigle pêcheur et elle lui tend un morceau qu'il vient saisir en plein vol, majestueux! Puis c'est le tour des buses et autres oiseaux de proies...
Le pilote nous récite sa litanie, pas très passionné, répétant les éternels mêmes gags qui ne font manifestement plus rire l'équipage. Mais en sortant il me confie un peu timide, que leur activité consiste à déverser chaque année 15 tonnes de viande dans la rivière (entre six compagnies) et que ce n'est certainement ni naturel ni très intelligent, mais que globalement cela aide à mieux comprendre et à mieux connaître ces animaux, à mieux s'en méfier aussi, et ainsi à diminuer le risque d'accident et donc à protéger les crocodiles en évitant que les chasses reprennent. Derrière cet aveu, je découvre un type qui a beau être bourrus comme un bushman mais qui aime et respecte ces animaux, ne les considérant pas comme des bêtes de foire, ce que j'imaginais à tord.
Nous quittons la rivière, longeons un étang où se rafraîchissent des buffles qui vivent ici à l'état sauvage et nous sentons plongés en Afrique!
Le parc du Kakadu est un des plus grands d'Australie, considérés par certains comme le plus beau, le plus authentique, par d'autres comme un enfer de mouches et de moustiques! Nous serons vite fixés. 200km du nord au sud, 100km de large, nous l'abordons par l'ouest et ferons une sorte de virgule vers le centre puis vers le sud ouest ressortant en direction de Katherine.
A l'entrée du parc, un panneau nous annonce que l'entrée est payante, 25$ par personne alors que nous nous attendions à un parc gratuit. Manifestement cela a changé, et pour notre budget c'est une mauvaise nouvelle!
Nous poursuivons et le soir s'approchant, nous ferons la visite du "Visitor Center" le lendemain, pour nous acquitter de la taxe, qui peut soit dit en passant être payée directement au ranger lors des contrôles. Le campement de la nuit un de nos tuyaux du "Camps 6", notre bible sur les coins budget pour dormir. Nouvelle déception, le coin gratuit est devenu payant, et c'est à nouveau une poignée de dollars qui vont d'envoler.
On s'arrête néanmoins dans un coin isolé, seuls au milieu d'une forêt d'arbre bas, entouré d'eau et d'étangs. Toilettes minimalistes à disposition, pas d'eau, mais de l'ombre pour bosser le lendemain et accessoirement pas l'envie de cherches plus loin alors qu'il fait déjà presque nuit.
Dès la sortie de la voiture c'est l'émeute, la catastrophe, la guerre, l'apocalypse!! Nous sommes pris d'assaut par des centaines, des milliers de moustiques! Retour immédiat dans la voiture où l'on tue ceux qui nous ont suivis pendant que nous nous arrachons les divers anti-moustiques à dispositions! Puis c'est la course. S'habiller au max, filet anti-mouches compris, se re-sprayer en grand, et monter la tente au pas de charge. Pas le temps de faire dans le détail, pas de sardine, pas de deuxième peau sur la tente, tout le matos est lancé dans la tente par une fente minuscule sous la porte à travers un mur de fumée de "mosquito coils", bref, on pare au plus pressé. On est installé en un temps record, se cloîtrant dans la tente, et commençant par tuer les dizaines (sans rire) de moustiques qui ont suivis. Le bruit extérieur est celui d'une ruche, l'agression est totale, pour les yeux, les oreilles et la peau, on ne sait plus où donner de la tête nous faisant même piquer à travers les habits…: on en est presque choqué! Après quelques minutes de guerre, la situation se détend et on commence à rire de la mésaventure: mais où a-t-on atterris??? C'est un pays de fou, et il est de moins en moins question de passer du temps dans ce parc, fût-il le plus beau du pays!!
On passe la soirée carte à se retourner pour s'assurer que le bourdonnement dans notre dos ne vient pas de l'intérieur de la tente, et la nuit à se réveiller en sursaut, sûr que quelqu'un a mal fermé une porte…! A 2h, on se lève tous pour une pause pipi, pour s'aider à s'organiser: s'habiller, se sprayer, ériger le mur de coils, sortir en s'enveloppant dans la porte, et finalement pour faire un check soigné, en pleine lumière, une fois toute la famille rentrée!!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire