Le temps s'éclaircit aujourd'hui et les prévisions pour le surf sont excellentes sinon un peu trop grosses pour nous. On annonce 2m et il se pourrait bien que les vagues soient comme hier. Les garçons sont surexcités et ne pensent qu'à ça… Julie de son côté fantasme sur les boutiques et les soldes!
Le bon côté du surf c'est que la motivation pour l'école est à son paroxysme… Jolan exige d'être réveillé dès 6h30 pour se mettre au boulot au plus vite et lui permettre de faire ses trois heures d'école sans "courir" et de se libérer vraiment l'après-midi, dès la dernière morce de son midi!
De mon côté je passe la matinée à écouter la musique de mise en attente d'Air New Zealand puis de United AirLines histoire de finaliser le retour de nos bagages avec nous, étant donné notre problème de surpoids… Après nos changements de billets, nous avons échangé notre retour à bord de SWISS Airlines contre un vol avec United.. Or pour ce dernier tronçon, les bagages autorisés sont de 20kg par personne alors qu'avec notre billet Round Around on avait sur TOUTES les autres compagnies de l'Alliance 2 X 23 kg par personne.. On va donc se retrouver à San Francisco avec un gros problème de poids! Le téléphone avec les Kiwis est très courtois et aidant… celui avec les américains plus froids et distants: la question n'est pas d'essayer de comprendre notre problème mais de répéter 100x les limites de poids de la compagnie… Je trouve quand-même ahurissant qu'une compagnie faisant partie de la même alliance et participant du même billet, ne s'aligne pas sur les limites de poids des autres compagnies. Mais "quand un problème n'a pas de solution, ce n'est pas un problème, c'est un fait!"… donc on va se concentrer sur les solutions – payantes!
Le petit exercice de patience terminé, nous partons vers 1h00, les filles en ville et les garçons à la plage, avec trois surfs grâce à la générosité du voisin. Les conditions nous paraissent tout de suite sérieuses avec un énorme shore break (parfois près de 2mètres) et il faut déjà bien négocier la mise à l'eau sous peine de se faire écraser sur le sable! La baie est séparée en deux avec une sorte de calme apparent au milieu où les grosses vagues ne cassent jamais. De chaque côté c'est un bon 2.50 voir 3 sur certaines déferlantes et globalement un frai champ de mine: pas organisé, des vagues dans les vagues et on est assez réticents. Finalement s'encourageant, on se lance et nous nous retrouvons assez vite au large à attendre la vague. Une de nos difficultés est que nous planche de débutant sont volumineuses et ne permettent pas de plonger sous la vague (duck dive = plongeon de canard) quand elle arrive de face… et on se fait chaque fois retourner dans tout les sens et tirer par la planche qui part trop fort avec la vague.
Très vite je me fais arracher ma planche (leash cassé!) et me retrouve dans le bouillon à nager vers le bord ce qui est plutôt difficile en raison d'un fort courant sortant!! Evidemment, le spectre de ma mésaventure de "The Bombie" me revient avec une force incroyable et je m'efforce de rester calme. Ici pas de risque de m'emmêler dans mes lignes, juste de me faire brasser un peu… Par chance ce courant fait aussi ressortir ma planche et je finis par la retrouver… Je repars au large prend une belle vague et réussi à me lever 2 bonnes secondes… (ce sera les seules de la journée!). Dans la suivante, bien grosse aussi, je rebondis de clapot en clapot et trouve moyen de tomber de la planche alors que je suis encore couché! Ce n'est donc pas demain la veille… en ce qui me concerne!
Je retrouve les garçons et Jolan me crie un truc inconcevable… " Ya une baleine derrière toi!!!!".. C'est le genre de phrases qui font monter les tours et en effet "derrière" moi à 150m passe un groupe de baleines. Entre les vagues on arrive à voir distinctement non seulement leur souffle mais aussi leur dos. Petit à petit les monstres se rapprochent et finissent par croiser à moins de 50 mètres!! On est tous là, les surfeurs, à hurler et à gesticuler devant ce spectacle incroyable à peine stressés car si une d'elle était décalée (quoi que nous étions quand même très proche des rochers en bord de baie), et qu'elle avait le "dos-qui-gratte", un breeching (saut vertical- réception sur le dos) serait assez traumatisant pour de type à la réception!!! On se retrouve donc une demi-douzaine, assis-couché sur nos planches, côte à côte à partager ce moment unique… D'après les autres c'est rarissime qu'elles passent si près, alors en plus un jour où on est à l'eau, c'est du domaine de l'unique!! Evidemment cet événement suffit à mon bonheur et déjà un peu émoussé par l'exercice je décide de commencer à rentrer à la fin de leur passage!
A priori, en surf, le problème c'est de sortir car il faut pour ça passer les vagues et quand ça fait plus de 2.5m c'est un vrai challenge, un coup en avant… deux coup en arrière… etc! Et bien pour une fois ça a l'air d'être l'inverse… J'ai beau nagé de toutes mes forces j'ai plutôt tendance à reculer et à partir au large. Certes quelques vagues pas encore trop raides me font regagner quelques dizaines de mètres mais très vite je repars au large. Je vois bien que les garçons ont le même problème et on discute du courant sortant et du fait qu'on devrait le contourner par la droite en direction des vagues principales qui ont l'avantage de ne pas casser sur des rochers…: cela ne nous enchante pas, car d'abord il faut traverser le courant - qui devrait diminuer plus au large, peut-être l'occasion de voir des baleines de tout près!!! – et puis ce sont aussi les plus grosses et on n'a clairement pas le niveau!
Finalement je réussi à regagner le bord, mais cela m'a pris près d'une heure et je suis crevé. Les garçons n'ont pas l'air loin derrière et je pars me changer. A peine rhabillé, je constate que Jolan a perdu sa planche et qu'il nage seul en plein bouillon… Pas bon… (en fait il s'est fait retourner par une vague, simplement et son leash a aussi lâché sous la traction) Je me rapproche de l'eau (je suis alors en bord de la petite baie et le regarde de profil) et je le vois lutter pour revenir au bord, mais concrètement il se fait tirer au large à grande vitesse… Titouan qui a saisi le problème et alors qu'il venait d'arriver sur le sable, repart à l'eau pour aller aider son frère. Même si cela ne me rassure pas beaucoup sur le moment, cela fait plaisir à voir… Un autre type est revenu au bord et semble courir chercher du secours. Le temps de recommencer à mettre ma combi pour partir aussi, Jolan est rejoint par Titouan… OUF!
Mais le courant continue à les tirer au large et il faut maintenant les sortir de là! Je pense à faire venir un jet-ski des life-guards car je l'avais vu plus tôt, au moment où nous observions les baleines, mais là… il a disparu! Le type me propose alors de prendre ma grosse planche de partir au large les chercher. Entre temps, ils ont compris qu'ils n'avaient aucune chance contre le courant et prennent la bonne décision, nager perpendiculairement et chercher à rentrer par les grosses vagues, la passe a priori calme étant en fait le "fleuve" de sortie de toute l'eau de la baie! Le type les rejoint à une vitesse incroyable, laisse la grande planche à Jo, et rentre à la nage en body-surfant (sur le ventre) les grandes vagues… Merci, l'artiste! Les garçons mettent encore une bonne demi-heure à rentrer et Jolan se fait en plus démonter dans le shore-break en arrivant au bord. Il sort, pas vraiment fier, en étant quitte pour une sacrée frayeur!! Titouan met un peu plus de temps à rentrer, luttant pour ne pas se faire ramasser par le shore break… Essoufflés et tremblants… réalisant qu'on est peu de chose et surtout loin de maîtriser le sujet!!
Sur le retour à pied, on débriefe… même si je pense qu'il n'y a eu aucune faute, sinon de sortir dans des vagues trop grosses pour nous qui plus est avec des planches qui n'ont rien à y faire! Le message est passé, on va chercher des conditions plus calmes…