vendredi 4 novembre 2011

Jour 1: Soti Kohla (700m) – Lapubesi (884m) - Machhakohla (869m)

Vendredi 4 novembre

(Lien vers la carte du trek: ici)

Debout à 6h30 après une nuit pas si mauvaise, malgré les ronflements de notre voisin (c'était  digne de la Grande Vadrouille, un syndrome d'apnée du sommeil de classe mondiale!!), derrière une paroi de bois et des espaces permettant d'échanger l'essentiel du bruit, des odeurs, de la lumière voire plus si entente, et le matelas minimaliste… Petit déj' simple mais parfait: œufs (on va tourner en poule si ça continue), thé noir, crêpes à l'indienne (Chapatii) et miel. C'est simple mais on est bien nourri!

La crainte n°1 de Chitra, c'est la diarrhée du voyageur non habitué, mais depuis 4 jours qu'il nous surveille et nous donne du riz, chacun de nous n'est allé qu'une fois à selle et encore, au début! On est loin de la tourista! Faudrait presque régler le curseur sur un poil plus mou!

Ici l'hygiène semble très correcte et la toilette de chacun se fait toujours au même endroit commun, à l'extérieur de la maison et du lieu à manger. On y fait pêle-mêle la vaisselle, sa toilette (jambe – visage – mains), la lessive et on s'y brosse les dents. Le reste de la toilette se fait ailleurs, loin des regards. Pour ce qui est de l'hygiène intime et des toilettes, on s'est pas mal inquiétés, mais le plus simple est de se mettre à la "Népalaise", à l'eau et de la main gauche… Plus local, plus simple, et au final sûrement plus hygiénique. On s'adapte facilement et on serait surtout mal-à-l'aise de boucher leurs latrines avec nos papiers Lotus triple couche.

Départ à 8h00. Le but du trek est donc le tour du massif du Manaslu, culminant à 8163m, en le contournant par le col de Larkya La Pass, 3000m plus bas.

Les porteurs, en tongs ont préparé leur chargement, environ 30kg (nos affaires ainsi que de la nourriture) chacun, sanglé sur des grands paniers et portés par une sangle frontale. Nous autres n'avons que notre day-bag de 5 à 8kg chacun. Mais les porteurs sont habitués à des charges bien plus lourdes, jusqu'à 120kg au max!!

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Nous commençons la marche en forêt le long d'un large chemin de pierre. On croise sans arrêt des gens qui vont de bas en haut, de la plaine à la montagne et vice-versa avec des charges de tout types ou juste un sac à main! Namaste (bonjour)! Le chemin se transforme ensuite assez vite en en sentier étroit, parfois très étroit et escarpé et on doit faire bien attention aux croisements, surtout avec les mules qui risquent de nous pousser vers le vide. On passe donc toujours en amont. Le sentier passe parfois à flanc de falaise avec des escaliers vertigineux dominant le fleuve qui serpente en dessous. Pendant les 9 premiers jours du trek nous longerons plus ou moins ce fleuve, le Budhi Gandaki qui vient des glaciers du Manaslu. Pour l'ambiance, c'est Tintin au Tibet: il faut dire qu'on est juste au sud du Tibet et que l'on passera à moins de 4 heures de marche. Les peuples rencontrés sont d'abord Brahmanes et Chietris, mais on croise de plus en plus de type Tibétain et Mongols.

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On s'arrête après 2h30 pour manger à Lapubesi à quelques heures de marche du village natal de Chitra, Lapu (Besi c'est "bas" en népalais). Notre guide connaît donc tout le monde et a de la famille partout. On s'arrête donc souvent pour saluer des amis ou des cousins. Nos deux porteurs sont d'ailleurs également natifs de Lapu et ont été choisis par Chitra pour descendre travailler pour nous. C'est un grand honneur et une grande chance pour eux car le travail est bien payé. Ils sont particulièrement heureux et le font savoir aux gens qu'ils croisent. Notre présence va leur permettre de doubler leur salaire et de gagner 10.- frs par jour. En plus Chitra leur a parlé du sac entier de vêtements et de cadeaux qu'on lui a montré et le fait de savoir qu'ils pourront ramener ces trésors dans leur village de montagne les comblent de joie. En plus, pour l'un d'eux, c'est le premier trek comme porteur pour touriste et c'est vraiment la fête.

Chitra se rappelle de son enfance, quand à 7 ans il dû quitter son village pour la ville d'Arughat à 2 jours de marche et à 10 jours de Katmandou avant l'arrivée de la grande route. C'est dire que pendant 10 ans il ne rentrait chez lui que tous les 2 mois, pour quelques jours, et vivait le reste du temps dans une chambre minuscule à 10 roupilles par mois (12 centimes!!!). Mais c'était un honneur car il était le premier de la famille à pouvoir être scolarisé, jusqu'au secondaire, son frère Balman (qui nous accompagne également) n'ayant pas eu cette chance. Ganesh, le plus jeune ira même jusqu'à l'université et en sortira guide culturel et de montagne. Un grand honneur pour cette famille de paysans sans éducation.

Nous nous arrêtons pour midi dans une petite auberge et mangeons à l'extérieur presque sur le chemin. Le repas est succulent, Daal Bhat et épinards, avec des patates douces et courges au curry et même une boîte de sardines à la tomate que Chitra nous force presque à accepter pour nous apporter plus de protéines! Les épinards sont particulièrement amers et Julie, notre mangeuse d'herbe a même un peu de peine.

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Pour les quinze jours, la boisson sera le thé noir pour les repas et l'eau (avec qq comprimés d'isostar) pour la journée. Touristes "responsables" nous avons décidé de ne pas nous laisser tenter par les boissons gazeuses en bouteilles ou en boîtes dont les déchets finiront dans la montagne plutôt que d'être redescendus en plaine. Le thé noir est par ailleurs parfait. Pourquoi s'en priver!

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Après une pause d'une heure, que je consacre à griffonner des notes sur un papier pour ne pas tout oublier avant de retrouver mon mac, nous reprenons notre marche et longeons un long moment le fleuve par la route d'hiver qui passe sur les rives asséchées dans le sable et les galets. Des restaurants sont parfois montés pour la saison sur le chemin mais ils seront emportés par les flots dès la fonte des neiges aux printemps et la route d'été reprendra ses droits quelques dizaines de mètres plus haut à flanc de montagne, à travers la forêt. Bien plus escarpée et difficile, donc bien moins rapide.

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Pendant la journée, nous ne croisons presque pas d'étrangers… Le matin, un couple d'anglais et l'après-midi trois françaises qui redescendaient du col, ayant abandonné à la dernière étape, victimes du mal des montagnes ou de ses prémices. Par ailleurs la neige tombée en abondance pendant une nuit les avait beaucoup freinées, surtout à la descente d'ailleurs, le sentier étant complétement gelé. Je commence à regretter de ne pas avoir pris plus de bâtons (sur les conseils du guide qui ne pensait pas que c'était utile). J'ai quand-même demandé qu'on en prenne une paire (10.- à l'achat, 25 rs /j soit 30cts à la location) en réserve au cas où quelqu'un se tordrait la cheville. Je vais tâcher de me trouver quelques bouts de bois plus tard quand on traversera la jungle. Malgré leur échec, les trois sont émerveillées par la beauté de ce qu'elles ont vu "là-haut"! On sent dans leurs voix et leurs yeux une émotion encore toute fraîche et le fait de ne pas avoir passé le col a l'air dérisoire, sinon de rallonger considérablement le tour et de les obliger à faire deux étapes par jour à la descente, sur le même chemin que la montée!!

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Partout les gens s'étonnent de voir nos enfants avec nous. Les rares touristes (on est quand même de loin pas les premiers!!!) sont rarement des familles. Et vu le peu de monde, on fait vraiment sensation! En plus avec DEUX garçons c'est vraiment la famille parfaite, et le petit dernier, blond aux yeux bleus, a droit aux regards de tous! Sur le trek du camp de base de l'Everest, on compte 9 à 10'000 touristes par jours… c'est vraiment l'industrie et les villages sont de grands bazars avec tout le confort occidental, des hôtels, de l'eau chaude, des internet cafés. On en est loin: tant mieux.

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Nous empruntons notre 2ème pont suspendu face à une gigantesque cascade qui semble tomber du ciel en marches successives. Sur une de ces marches se trouve un moulin, sur la suivante une prise d'eau pour le village tout proche et sur la troisième une dérivation qui alimente la turbine électrique en contre-bas… Encore une fois, l'eau c'est la vie et partout où nous avons trouvé l'eau facile, nous avons trouvé la vie plus belle. C'est encore plus fort ici.

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Après 2h de marche nous arrivons à Machhakohla où nous logerons pour la nuit. Jolie lodge sur trois étages avec de petites chambres propres et des matelas au moins 2x plus épais que hier… (ça reste très inconfortable…) Si le ronfleur ne nous suit pas, on va dormir comme des papes! Les toilettes sont à l'étage et on profite de l'eau courante pour s'y laver  et faire notre première lessive (on se lave donc et on fait notre lessive dans des latrines…à ce moment du voyage, on était heureux de se doucher, même à froid...). Malheureusement il se met à pleuvoir rapidement et ce n'est pas sûr que tout cela ait le temps de sécher.

A 20h30 après une courte partie de jass (les porteurs avaient l'air de vouloir se coucher dans la pièce dans laquelle nous jouions), nous partons nous coucher aussi! Nous avons la chance d'avoir une chambre à l'étage, juste à côté des toilettes, ce qui, après les litres de thé noir bus pendant la soirée, sera sûrement plus confortable!!!

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