mercredi 9 novembre 2011

Jour 7: Samdo (3800) – Dharamsala (4460) 4h

Jeudi 10 novembre

Nous avons droit ce matin à une grasse matinée. Déjeuner à 8h. Chitra ne nous dit pas pourquoi mais concrètement le village est à l'ombre d'une des crêtes et je pense qu'il préfère attendre les premiers rayons du soleil avant de partir, surtout que la journée ne présente pas de difficultés hormis l'altitude.

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Préparation de l'eau grâce au Steripen

Toute la famille a l'air de passer à côté des symptômes redoutés à part un petit mal de tête par moment. Véronique par contre a vraiment mal dormi et a dû s'asseoir pour arrêter de tousser. A un moment je l'ai retrouvée assise contre le mur, emmitouflée dans son sac de couchage, avec bonnet et écharpe… Et malheureusement je ne pouvais pas faire grand-chose pour l'aider. Au réveil, elle a un peu le blues… Froid depuis trop longtemps et pour encore plusieurs jours dans une impuissance totale par rapport à ça. Je pense que sa crève est en partie responsable de sa sensation permanente de froid, car c'est la seule à être pareillement gênée. Reste à serrer les dents et à patienter quelques jours jusqu'à retrouver une température plus clémente.

Nous quittons Samdo pour Dharamsala et marchons avec une infinie lenteur… La vue sur le massif de Manaslu est toujours à couper le souffle et le ciel limpide! Quelle chance décidemment! Samdo est le dernier village et désormais il n'y aura plus que la montagne.

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A cette altitude la végétation n'est plus que de petits buissons épineux et les arbres ont disparus sous nous. Les yaks broutent de-ci de-là et nous progressons sur un petit sentier qui ressemble fort à nos sentiers de montagne.

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Titouan a une crise d'euphorie comme j'ai rarement vu, il siffle et chante, fait semblant de parler népalais avec les guides et tout notre petit groupe rit beaucoup, alors qu'on dépasse d'autres touristes plutôt concentrés sur leur effort! A la pause, Chitra sort un sac plein de chocolats, Snikers, Mars, Bounty… c'est l'émeute!!

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On arrive à Dharamsala pour le repas de midi. C'est en fait un refuge élargi juste avant l'étape du col et il n'est fréquenté que par les trekkeurs. C'est donc le goulet d'étranglement de notre tour et on se retrouve plus ou moins tous là! Ceux qu'on a déjà croisé et tous les autres, avec notamment ceux qui avaient choisi d'autres itinéraires.

 

Nous avons le choix entre de minuscules chambres de pierre façon écuries aménagées ou une tente tibétaines avec 5 lits serrés. On opte pour la tente, car le soleil la réchauffe et on espère que la chaleur restera un peu le soir.

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L'après-midi nous grimpons rapidement encore 200m jusque vers 4750 pour notre acclimatation et passons 2h au soleil à papoter alors que le camp est plongé dans l'ombre.

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De retour à quatre heures, c'est déjà l'ambiance survie, le linge lavé posé sur notre tente est complétement gelé! Ça s'annonce frais!!! Véronique est toujours un peu refroidie; je lui "prête" ma super mini veste de plume et c'est la révélation. J'aurais dû insister et lui en faire acheter une à Katmandou, les copies n'étaient vraiment par chères…

En attendant le souper, on se blottit pour un UNO dans le réfectoire commun où il fait un bon 5°, par rapport au -5 de dehors. Cette nuit on va fleureter avec les -10… Quand aux porteurs ils font de même... mais dehors...

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On discute avec nos voisins et il semble que l'Everest soit sous une tempête de mauvais temps et que 2500 personnes sont bloquées à Lukla en attendant un avion pour Katmandou!! Là-bas les pauvres sont entassés dans les réfectoires, et tout le monde est paraît-il malade!!

J'avais pourtant très envie d'aller dans ce massif vers le lac Gokyo et j'ai longtemps hésité avec le Manaslu, qui me paraissait finalement moins couru, surtout qu'à Gokyo le retour se fait par le sentier du camp de base de l'Everest et que là c'est sûr, c'est la queue leu-leu!

Un autre marcheur raconte qu'il est monté à la frontière tibétaine et qu'alors qu'il était plus ou moins sur l'axe, il a été arrêté par des policiers chinois et a un mal à partie à leur expliquer qu'il avait l'intention de dormir au Népal et pas dans une geôle chinoise!!

Nous bavardons aussi avec un groupe de trois français dont un couple qui viennent ici depuis 18 ans et ont monté une association (Samdo-association) pour créer une école à Samdo, le village que nous avons quitté ce matin. Une quarantaine d'élèves y sont scolarisés ce qui n'aurait jamais été possible sans des fonds étrangers. Ils ont même réussi à faire scolariser il y a quelques années les quatre enfants du forgeron de manière privée, car ses enfants ne pouvaient partager la classe des autres. Même si les castes ont disparus au Népal, cette tradition perdure dans bien des endroits; forgerons et bouchers sont dans les échelons les plus bas. En montant par Samagon (??), ils ont croisés ces enfants dans la grande école, mais toujours isolés avec leur instituteur privé! Au cours de la discussion nous avons le droit de déguster un morceau de fromage de yak séché… sorti de la poche de l'un d'eux! Très très dur, façon écorce de pistache, vaguement fromagé, fumé et salé. Pas mauvais mais sans intérêt…

Notre Daal Bhat arrive à 18h00 et à 19 on est tous couchés car le lever est prévu à 3h30!!

Le ciel étoilé est splendide, la pleine lune éclaire les montagnes comme en plein jour. On pourrait les toucher!

Pendant la nuit, je mesure le froid en allant faire un petit tour dehors… La nuit est limpide mais je perçois quelques cirrus dans le ciel. Une dépression est peut-être entrain de s'approcher. En retournant me coucher, je vérifie l'altitude et effectivement, on a pris 20m depuis hier soir, la pression baisse un peu! Pourvu que cela ne se dégrade pas aussi vite que ce que l'on raconte, parce que là… on est chocolat!

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