mercredi 9 novembre 2011

Jour 6: Lho (3180) – Samdo (3860) 6h + 1h

Mercredi 9 novembre

Réveil vers 5h30 par le chant du coq, de toute façon on a assez dormi. L'ensemble du village se réveille aussi et c'est le concert habituel de toux et de crachats bruyants, qui à la longue nous fait rire! Dorénavant on lance un "Namasanté" à chacun de ces bruits peu ragoûtants, ce qui met du baume au cœur plutôt que du dégoût!!

Je me lève rapidement pour aller voir le soleil se lever sur le Manslu... et cela vaut le déplacement: il est comme en feu!!!

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La nuit a été fraîche, 4° dans la chambre, heureusement fermée au plafond et avec des fenêtres. Mais le centimètre d'espace entre toutes les planches des murs rend tout ça bien aéré!!! On s'inquiète un peu  pour la suite car à 4400 ce sera quand même au moins une bonne dizaine de degrés en moins. Au Népal il n'y a pas de chauffage et les locaux se drapent dans des couvertures et vivent avec… en ayant froid c'est clair, mais sans autre choix. Heureusement d'ailleurs car le chauffage à bois intensifierait la déforestation qui menace déjà, uniquement par la cuisine au bois!

La nuit a donc été moyennement confortable surtout qu'on commence à dormir moins bien, effet bien connu de l'altitude. Véronique a toujours la crève et tousse beaucoup la nuit. Je n'ai malheureusement pas de médicaments pour la calmer… je m'étais concentré sur les situations plus "grave", et là j'admets que j'aurais dû prendre un anti-toussif… De son côté, Julie a une petite alerte intestinale, et je prie pour que ce ne soit qu'un épisode!!!

Aujourd'hui nous ferons une double étape pour monter à 3800 et si possible y rester deux jours complets pour nous acclimater. Nous avons donc 7h et 600m de dénivelé à faire.

Nous quittons Lho dans la même lumière envoûtante que la veille, le monastère se détachant sur le Manaslu.

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C'est toujours la même féérie de drapeaux multicolores qui volent au vent et je ne pense pas pouvoir m'en lasser! Nous bifurquons avant le portique d'entrée et redescendons vers le torrent (toujours le Budhi Gandaki) et croisons plusieurs caravanes et élevages de yak venant du Tibet.

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Nous passons encore à côté de plusieurs fermes isolées puis nous atteignons Sama après 4h de marche facile mais quand-même un peu de montée.

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Sama est un grand village absolument superbe où la vie semble figée depuis plusieurs siècles.

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L'entrée du village débute pas une longue "ruelle" de moulins à prières.

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Seul le fil du téléphone nous dit qu'on a passé 1900…

On le traverse très lentement pour bien observer la vie qui s'écoule, entre les femmes qui tissent, celles qui lavent, les fermiers qui ramène le foin, les bûcherons qui partent chercher le bois et le ramènent et enfin les "marbriers" qui tentent de casser d'énormes blocs de roche en les faisant fendre par la chaleur en ayant préparé un foyer au-dessous. C'est un vrai musée vivant. Les gens nous saluent avec gentillesse; je me demande jusqu'à quand, tant j'ai l'impression de ne pas être à ma place...

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Nous nous arrêtons dans une petite auberge où nous mangeons par un soleil magnifique, juste un peu tiédis par le vent, assez fort. On passe un moment à paufiner nos bâtons pour la descente que nous préparons-taillons-décorons depuis quelques jours à partir de branchages.

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Ensuite Julie et Jolan partent chasser le yak… et Titouan et moi observons les tailleurs de pierre. Grâce à la température clémente, c'est aussi à midi qu'on a pris l'habitude de se laver et de faire la lessive. Je me lave les cheveux: c'est limite… Le rasage est carrément douloureux avec l'eau glaciale de la fontaine, dont le fond est d'ailleurs couvert de glace: un régal pour les pied. Ce sera donc mon dernier rasage avant pas mal de jours!

Nous repartons vers 14h. L'après-midi est tranquille, le chemin longe le lit de l'ancien glacier, sorte de grande plaine qui se termine au loin par les contreforts du Tibet.

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Dès qu'on se met en mouvement on peut rapidement se déshabiller et nous marchons en t-shirt au soleil. Par contre dans les passages à l'ombre, il est maintenant presque indispensable de se couvrir rapidement. Nous croisons encore plusieurs bûcherons qui ramènent des hottes remplies de bois et en repensant au type de cuisine, de chauffage et de construction, on comprend que même sans tourisme, la vie des forêts est menacée.

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Nous sommes à 3600m environ et la forêt ne fait que commencer à se clairsemer.

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On peut estimer la limite des arbres à 3800-3900m. Au-dessus c'est toujours cette montagne impressionnante avec des sommets entre 6 et 7000 partout, des glaciers de plus en plus proches et le Manaslu et les voisins, maintenant dans notre dos, qui font semblant de nous regarder passer.

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Petite alerte météo dans notre ciel bleu, mon altimètre semble se tromper de 200m alors que je l'avais vérifié au dernier point carte, à midi. Le village étape de Samdo devrait se trouver à 3600 et ma montre indique 3750, une heure trente plus tard, comme si la pression était entrain de chuter. Evidemment je commence à gamberger même si le ciel est limpide et je me dis que ce serait bien que le guide se trompe… Je lui en parle  et il qui me répond par une sorte de "inch Allah" népalais, mais le voilà qui commence aussi à gamberger et finit par me dire qu'il s'est probablement trompé de 200 sur l'altitude de l'étape!

Nous arrivons vers 16h au campement de Samdo, dernier village sur la route du Tibet et point de passage important.

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Pour nous c'est également la dernière étape avant l'ascension du col que nous ferons en deux étapes. C'est également une étape cruciale car à 3860m on devrait ressentir le mal des montagnes s'il devait apparaître. Et l'air de rien nous avons fait aujourd'hui deux étapes en une, avec 600m de dénivellation, ce qui est limite en terme de prévention du MAM. Mais toute la famille pète la forme et aucun signe d'essoufflement ou de fatigue n'est à déplorer. Nous n'avons "que" deux problèmes, Véronique et sa crève, et potentiellement Julie et ses intestins… A surveiller donc!

En arrivant, je demande un petit détour après le dépôt de nos sacs, pour permettre de finir par une re-descente. Nous grimpons donc simplement dans la pente voisine, 100m pour les filles, 200m pour les garçons jusqu'à 4075m! Jolan a une énergie incroyable et grimpe très rapidement sans s'essouffler. Derrière, Titouan et moi sommes plus lents, ressentant quand même un peu l'altitude.  Dépasser les 4000m, une première pour les garçons et une deuxième pour moi… A part Véronique, on sent tous un peu les effets de l'altitude par une céphalée très légère par moment comme quand on prend un peu trop de soleil. Véronique quand à elle se contente d'une légère crève et angine qui se manifeste surtout la nuit.

Notre lodge de Sambo est très cosy, façon chalet suisse sommaire, mais les murs en pierre et bois nous paraissent un peu plus étanche au froid. Il y a même UNE prise électrique prise d'assaut par les touristes en mal de recharge d'accus pour leur appareil de photos. J'arrive comme un cheveu sur la soupe MAIS, avec une multiprise adaptée à la népalaise… (riche idée!!). Nos chambres sont justes en-dessus de la cuisine, donc avec un peu de chaleur transmise par en bas ce qui n'est pas pour nous déplaire.

A la cuisine, la famille s'affère pour préparer le dîner et dans un coin, une petite puce de 20 mois, coupe les carrés d'ail...  d'aill…eurs on mange beaucoup d'ail mais là les morceaux seront gros!!!

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Souper standard, soupe et riz et surtout beaucoup, beaucoup de thé, même si les latrines sont un peu loin; toujours la prévention du MAM.

Demain Chitra nous a promis une journée de repos, pour affiner notre acclimatation mais j'ai franchement l'impression qu'il va essayer de gagner un jour et de profiter de la météo extraordinaire du moment. On pourrait par contre rallonger la descente une fois l'étape clé du col passée, et faire une petite excursion hors des sentiers battus.

On finit la soirée autour d'un UNO, histoire de faire passer le temps, de se réchauffer et éviter de se retrouver au lit à six heures et demie!

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Extinction des feux à 20h30 pour les autres… (ce qui me donne un peu de temps pour écrire!).

A 23h en allant chercher mon accu d'appareil photo, je tombe sur la jeune petit cuisinière, cul nu et pieds nus dans la ruelle, alors que la grand-mère fait la vaisselle accroupie dans la fontaine: le fond de la fontaine est déjà gelé. Il fait dans les -5°C… C'est vraiment une autre vie et des autres êtres humains….

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