Sable blanc, sable rouge

Pour changer… grand paquetage ce matin dans le jardin où tout est à nouveau éparpillé aux quatre vents. Comme chaque fois qu'on se pose un peu dans un endroit plus spacieux on s'écarte, on se propage, on se disperse. Et voilà qu'il nous faut nous regrouper sans rien oublier, ni le pain congelé à la cuisine, ni la brosse à dent à la salle de bain, ni la lampe qui charge au salon… Et quand tout le monde s'y met ça va vite, mais ça va peut-être trop vite! " qui a prit le truc qui pendait là??" "Quelqu'un a-t-il vu le petit truc qui sert à machiner le chose??" Bref, un fois le chargement terminé, on est pas vraiment sûr de ne pas avoir oublié quelque chose!

Après le déjeuner commun (où la tresse et le pain ont fait bonne impression!) on part pour un gros ravitaillement au petit magasin du coin où on trouve encore à peu près tout! Une décevante session internet au Telecenter permet de décharger le courrier de tout le monde mais à coup de soupir et de quelques jurons… Notre crédit internet habituel est épuisé, la faute à un peu trop de laisser-aller à Prevelly et nous voilà à attendre la remise à zéro avec 10 jours de "non-communication": une fois encore, on réalise notre dépendance au web…

Notre première étape devait être une piste 4x4 assez technique et son arrivée me stressait un peu. Etape assez longue, près de 150km, avec des passages de sable mous sur la plage, et de nombreux embranchements à ne pas louper: pas facile, même avec un guide et une carte, et surtout pas évident à négocier à deux voiture dont une 4x4 de ville (celle de Valé) pas très haute en garde-au-sol et avec des roues pas très orientées "sable". Mais la zone traversant en bonne partie un territoire militaire, nous devions de toute façon vérifier les créneaux d'ouverture et les explosions de tir entendues la veille me faisait penser que la piste serait fermée. En fait l'ensemble de la zone est définitivement fermée et la route, récemment refaite, est désormais la seule solution. Petite déception et petit soulagement aussi notre première aventure sur piste est remise à plus tard…

Premier arrêt à quelques kilomètres au nord où une gigantesque dune de sable blanc nous invite à une balade saharienne. Marlyse n'a jamais rien vu de si beau (…) et on sent dans sa remarque que le charme australien commence à faire son effet!

Un peu plus loin on s'arrête dans le parc national de Namrung pour pic-niquer et faire un petit tour dans les célèbres Pinnacles. Ces formations rocheuses sortant du sable rouge comme des clous sur une planche de fakir sont assez unique et on se demande comme souvent pourquoi ce phénomène, juste ici…: mystère de l'érosion! Une boucle de 5 km permet de circuler dans ce décor lunaire à pied ou en voiture, et cela nous rappelle un peu la Cappadoce en Turquie sauf qu'ici les blocs de rocher beaucoup plus petits sortent d'un sable rouge orange d'une finesse rare et le tout s'étend sur une sorte de plateau battus par le vent et non dans des vallées creusées par l'eau.

Valérie se faufile entre les Pinnacles avec son X-Trail

Nous reprenons la route pour nous rendre à un des points repérés où nous espérons pouvoir planter nos tentes gratuitement sur la route de Geraldton. Peu avant Dongara, nous prenons une petit route qui nous amène au bord de mer, sur une piste de sable bordée par une forêt de troncs noircis par un bush-fire au pied d'une colline de calcaire. On y trouve plusieurs emplacement idéaux pour une première nuit en pleine nature.

Campement vite monté (quand on a pas tout à sortir des voitures, c'est plus simple!) et souper au bord de l'eau au coucher du soleil. Seule trace humaine, un énorme derrick pétrolier s'élève au loin et ressemble à un canard posé sur l'horizon. Et la soirée se passe cartes en main, sous un ciel d'une pureté saisissante et la croix du sud qui marquera nos aventures australiennes. Cette constellation se trouve dans une zone particulièrement dense de la voie lactée avec également un énorme amas d'étoile à proximité qui laisse croire qu'un petit nuage bouche le ciel. On est vraiment pas habitué à ces formations dans l'hémisphère nord et c'est, je pense, une des raisons qui rend ce ciel si marquant. Non seulement le ciel est d'une pureté totale et la transparence de l'air unique, mais ces formations, nouvelles pour nous, donnent au ciel une dimension de plus.