samedi 28 avril 2012

En balade avec les Tortues de Turquoise Bay

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Réveillé par le soleil aux environs de 6h, nous déjeunons comme d'habitude au milieu de notre solitude, toujours bien conscient de notre privilège. Marlyse dort à merveille et c'est un grand soulagement pour nous qui étions un peu inquiets de lui proposer 5 semaines sur un simple lit de camp… Le seul point délicat est le manque d'ombre et d'eau! Nous sommes tous les jours lavés à l'eau de mer, mais rarement douchés et savonnés à l'européenne et nous nous contentons d'une toilette à la patte, avec un minimum d'eau pour se dessaler le visage, ou les cheveux, la tête à l'envers dans le plat à salade, qui a tout juste la bonne forme!! Pour l'ombre, une bâche tendue entre les voitures fait le plus souvent l'affaire, mais en général on passe peu de temps inactifs en pleine journée!!

Nous quittons Ningaloo Homestead au petit matin pour être sûr de pouvoir passer un point bas sur une embouchure de rivière à marée basse. Quand on se sait pas à quoi s'attendre et que le passage ponctue 130km de piste bien cassante, c'est toujours un peu inquiétant. Mais les paysages sont si beaux, avec cette sorte de grande prairie d'herbes hautes parsemées de buissons et émaillées de grandes dunes de sables rougeoyant ou plus clair selon les endroits, tout cela bordant la mer. Notre isolement même si il n'est que relatif, donne au tout une dimension d'infini. On a beau être sur une piste crée par les hommes, on se sent bien loin de la civilisation.

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Nous passons finalement la "Creek", l'embouchure de rivière un peu redoutée, sans le moindre soucis, tout au plus un peu de sable mou sur une centaine de mètre et rejoignons la route goudronnée et l'entrée sud du Parc national Cape Range qui occupe la pointe nord de la péninsule d'Exmouth. Outre la visite du parc, nous avons trois sites de snorkeling à explorer encore, dont Turquoise Bay que tout le monde encense!

Nous nous arrêtons d'abord à Oyster Stacks, un des points où la barrière de corail est la plus proche de la côte, à 300m environ, et on est un peu déçu même si Marlyse a beaucoup de plaisir. Bien sûr la lagune est pleine de patates de corail et on voit passablement de poisson mais les paysages n'ont rien à voir avec Coral Bay qui reste gravé dans nos mémoires.

Quelques kilomètres plus au nord, c'est la mythique Turquoise Bay. Finalement toutes ces plages et ces baies se ressemblent et Turquoise Bay est juste un peu plus turquoise... que les autres! C'est une magnifique baie coupée au milieu par une pointe qui s'avance vers le reef et génère d'assez forts courants sortants. On commence donc par un petit trajet à pied pour nous permettre de nous laisser dériver après. Comme à Oyster Stack, le corail ne présente pas l'intérêt de Coral Bay mais nous voyons par contre beaucoup de poissons et des immenses bans de petits rayés (??) que l'on traverse et qui nous traverse… Et puis nous trouvons successivement deux tortues… et là c'est le régal! Elles se laissent suivre longuement à quelques centimètres. La première s'arrête finalement par terre comme pour dormir et Titouan trouve presque simultanément une deuxième pas plus farouche… On aurait pu les toucher, ce que l'on n'a pas fait bien sûr, mais on réalise un shooting photo et video, histoire d'immortaliser ces moments magiques.

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Chap plane au-dessus...

Marlyse est sur un nuage et il nous est difficile de lui faire sortir la tête de l'eau pour lui parler! Quelle chance de pouvoir vivre ces moments en famille et pour notre grand-mère, quelle découverte!

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Jolan et Marlyse...

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Coupe "snorkeling" au sortir de l'eau... mais surtout large sourire!!

La journée passe vite et heureusement la côte a un camping/arrêt tout les 5-10km sur 50km et il nous est plus facile qu'auparavant de trouver de quoi nous poser. On restera probablement 4-5 jours ici jusqu'au départ de Marlyse le 3 mai.

vendredi 27 avril 2012

Coral Bay et Ningaloo Homestead

Après notre deuxième nuit à 14 Mile Camp nous plions le campement pour monter sur Cape Range et la région d'Exmouth. Nous commençons par nous arrêter encore à Coral Bay essayer de découvrir le monde magique décrit par Jolan. Un peu en retard en raison de quelques tâches administratives, je rejoins Chap, Julie, Valé et Marlyse encore toutes excitées par leur dernière rencontre… Julie a repérer un requin pointe blanche de 2m environ et elles ont passé de longues minutes à le suivre et à l'observer de tout près!!! A un moment, alors qu'elles le suivaient, ce dernier a fait demi-tour et à pointé droit sur elles, les croisant juste par-dessous! Grande émotion pour tout le monde, sauf pour Marlyse qui se demandait ce qu'était ce gros poisson…!!! Ensuite nous croisons ensemble quelques tortues et surtout un univers corallien époustouflant de variété et de beauté.

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Les couleurs étaient moins explosives que dans certains de nos souvenirs mais jamais nous n'avions rien vu de pareil! Difficile de décrire tant de forme et de taille, sinon que de le comparer à un jardin extraordinaire, peuplé de surcroît par des milliers d'habitants multicolores! Mais ce ne sont pas les poissons qui pour une fois auront eu la vedette. Même Titouan est sorti de l'eau ébahi, lui faisant presque oublié sa déception de ne pas avoir vu LE requin! Il faut dire que depuis ses nombreuses rencontres à Coral Bay, Titouan ne pense plus que requin… J'ai beau lui dire que les requins de récifs pointes blanches et noires vu entre Gnaraloo et Coral Bay ne sont que des poissons-rouges, il persiste à vouloir voir du "gros"… Et on sait qu'il suffit de passer le reef loin au large (1km??) pour avoir la chance de tomber sur un Tigre, un Bulldog ou encore un Grand Blanc, mais il est clair que je ne joue pas à ce jeu, en tout cas pas comme ça en famille, à la petite semaine!

De retour, Marlyse a, pour changer, le sourire jusqu'aux oreilles, et goûte au plaisir de ces moments un peu "extrêmes" pour son âge, mais bien encadrée, main dans la main avec sa fille ou sa petite-fille. Jolan et Titouan sont allé encore plus loin et nous on décrit des paysages encore plus féériques...

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Nous quittons Coral Bay un peu à regret, en nous disant que le meilleur est peut-être à venir, dans les environs d'Exmouth. Plein d'eau et de carburant, au camping bondé de la ville, qui nous convainc si besoin était qu'on préfère le bush et la poussière, aux alignées de tentes et de caravanes.

Nous roulons jusqu'à la tombée de la nuit à travers la piste, en suivant le bord de mer et en faisant de courtes pauses photos ou balades à travers des dunes.

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Petit à petit la piste se dessine mieux, des portails à bestiaux apparaissent, puis les premiers moutons, puis de grands troupeaux rassemblés autour d'un point d'eau, une pompe d'eau souterraine (saumâtre mais buvable pour les bêtes), mue par une éolienne.

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On sent que l'on se rapproche de la vie humaine et au coucher du soleil nous atteignons la ferme de Ningaloo (Homestead), perdue en bord de mer et couplée à un phare. Nous appelons le gardien à coup de klaxon et entendons l'appel relayer par une radio isolée à l'intérieur… Quelques minutes après un vieil homme essoufflé par des poumons en mauvais état, nous accueille chaleureusement et prélève la taxe de passage et de nuitée. Ici, le campement sauvage est mal apprécié mais il est toujours possible de planter sa tente pour quelques dollars par personne, dans des endroits plats. Ce sera le cas à quelques distances de la ferme, de l'autre côté de la dune qui borde la mer, avec encore ici, une sensation d'isolement total. Le campement est vite monté, et on commence à oublier le désagrément de devoir monter et démonter la tente chaque jour, et souvent creuser nos propres toilettes, que je tâche de rendre un peu plus intime avec une bâche. C'est un travail de moins d'une heure à chaque fois mais dont on s'accommode de plus en plus facilement.

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Nous avons quitté (pour combien de temps??) les mouches et les moustiques et les soirées sont bien agréables, à jouer aux cartes ou à lire autour d'une bougie, sous le ciel toujours aussi incroyablement clair, gardés par la Croix du Sud…

jeudi 26 avril 2012

Transition vers Coral Bay

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Une dernière plongée le matin devant la tente, pour éviter l'aller-retour à la Bay et c'est déjà l'heure de quitter ce coin magique. Quitter Gnaraloo c'est renoncer à replonger dans cet univers grandiose et à attendre que les conditions de vagues ne nous montre le spot sous son vrai visage. C'est aussi redescendre 125km plus au sud pour repartir vers le nord, et à profiter pour repasser encore plus bas à Carnarvon pour faire les pleins…

Tout cela ne va pas sans un minimum de mail, de gestion des billets d'avion et de tentative de solutionner nos problèmes de compresseur et de convertisseur 12V. Cette fois je choisis l'option "milieu de gamme" bien plus chère mais moins "made in China", quitte à garder ce matériel plus tard pour notre camping-car en Suisse.

Nous roulons donc ensuite en direction du camping bon marché le plus proche de Coral Bay que nous atteignons de nuit au bout d'un lacis de pistes qui failli nous perdre. Malheureusement un panneau avertit que seul les détenteurs de toilettes chimiques sont acceptés, ce que nous n'avons évidemment pas.. On se promet d'être discrets, quitte à partir de bonne heure le cas échéant. Sur place de nombreuses caravanes sont là, au pied d'une bute et on se trouve un petit plat de sable idéal. En général, lors de nos arrivées tardives, nous ne montons qu'une tente et nous nous serrons un peu plus histoire de gagner du temps. On est donc très vite près à manger et à faire une petite partie de carte, ce qui ne nous empêche pas d'être vers 8h au lit! Dehors les araignées sortent et on sent qu'elles nous regardent... A chacune de nos sorties nocturne, nos lampes frontales balayent le sable, et les araignées nous regardent, leurs yeux reflétant nos lumières comme deux petits phares dans la nuit; on se rapproche pour les observer, et les voilà qui fuient se cacher dans leur tanière, un petit trou dans le sable, tapissé par une couche souple et fine comme une peau, évitant que le sable ne s'écrase sur elles. En creusant d'un centimètre on peut prendre cette sorte de goutte de sable dans le creux de la main, comme un minuscule ballon de baudruche. Observer ces détails magique, nous rend plus admiratifs que jamais, plus amicaux aussi et ces araignées nous rendent alors heureux plutôt qu'autre chose. La nuit est calme et on entend juste le grondement lointain des vagues.

Au réveil on réalise que nous avons planté notre tente juste avant une piste de sable mou passant par-dessus la dune en direction de la mer qui est à 50m derrière. En fait nous sommes au bord d'une gigantesque lagune turquoise et les vagues que nous entendions sont à près de 1000m. Immédiatement sur la plage commence une véritable rue de caravanes, parquées à côté de leur "tracteur" 4x4 blanc, et du bateau de pêche qui va avec tout ça. C'est un vrai village de pêcheur "Grey Nomad" (les nomades gris = retraités qui cherchent la chaleur en migrant au nord à partir de Pâques, ou visitent simplement l'Australie).

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Girouette locale...

Nous faisons une balade et une petite plongée snorkeling sur une pointe de rocher, où l'on peut observer des tortues, des raies dont une énorme… (2m de long..). Le courant est un peu fort et les petites vagues ne sont pas idéales pour Marlyse qui peine avec la prise d'eau de son masque et de son tuba. On choisit donc de changer de coin et de partir à Coral Bay qui a bonne réputation même si on s'attend à la destruction habituelle du corail par le tourisme de masse. Valé retrouve ses jeux d'enfance à Formentera et nous faisons une course aux crabes, motivant nos poulains à descendre une dune! Pour nos enfants c'est la découverte de la chasse aux crabes, nos destinations "kite" habituelles les ayant plus habitués au sable qu'aux rochers les abritant.

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Faisant abstraction de notre "problème" de manque de toilettes chimiques, nous partons pour Coral Bay, à 40km au nord en laissant notre campement et la voiture de Valé, histoire de lui économiser quelques kilomètres et de lui éviter trop de frais de dépassement de "crédit". Nous tâcherons de payer le "caretaker" (=responsable bénévole du camp qui "habite sur place) en partant après notre dernière nuit, ce qui évitera la question désagréable des toilettes. De toutes façons ces campements sont si vastes qu'il est peu probable qu'un surveillant quelconque vienne vérifier notre équipement!

Coral Bay est une mini ville de tourisme, avec quelques campings, un hôtel près la plage, deux supermarchés minuscules, une pompe à essence de campagne, et une ou deux échoppes à souvenirs et à excursions de plongée. On en profite pour racheter un ou deux tubas et un body board, pour servir de flotteur à Marlyse, et qui simplifiera notre travail de désanglage-resanglage systématique du surf. La plage est assez vide et on ne sait pas trop où sont  les nombreux campeurs. Nous nous dirigeons au sud de l'immense baie bleue pour essayer de dénicher le corail qui forcément ne se voit pas depuis la plage… La mer est calme, le vent faible, et les couleurs magnifiques.

Le début de la plongée est sablonneux sur 10-20 mètres puis le fond augmente et on voit les premières patates de corail. Assez vite on est subjugués par la beauté des paysages et même si les poissons sont assez petits et peu abondant la vue est magnifique. On peut encore observer quelques raies dont une raie tachetée à la queue filiforme et immense et une tortue. Mais ce qui domine avant tout c'est la beauté de ce jardin. En sortant, béats, Jolan nous affirme qu'après, plus loin, c'est encore plus beau… On est un peu dubitatif mais promettons de revenir le lendemain.

mercredi 25 avril 2012

Gnarloo 23 au 26 avril

Le vent est tombé pendant la nuit et a tourné au nord, peut-être assez fort pour une petit nav' mais sûrement pas pour faire marcher le sport "normalement". La bonne nouvelle c'est que du coup le nombre de mouche est divisé par mille… car hier le vent était de terre et nous ramenait probablement la moitié du contenu du bush!! Et cette plaie s'accrochait à nous comme à leur dernier refuge avant l'Afrique!!

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Notre site de camping est idéal, perché sur le petit brin de colline qui précède immédiatement la baie, à moins de 50m de l'eau turquoise de la baie. De notre observatoire on voit bien la cartographie des lieux, une petite baie, centrée par un plateau de corail avec une passe de chaque côté. Le vent étant trop faible et mal orienté, nous profitons du site pour faire un max de snorkeling, 3 sorties par jours pendant les 2 jours sur place et une dernière avant de quitter les lieux. Il faut dire que l'endroit est juste magique et je rentre de ma première sortie convaincu d'avoir vu le meilleur spot de snorkeling (et de plongée) de ma vie: tortues, perroquets, clown, platax, murènes et tant d'autres… Le premier après midi nous partons avec Valérie à 20km au nord pour explorer la baie de Gnarloo, où le vent pouvait être mieux. En fait nous tombons sur une baie exceptionnelle protégée par un reef lointain ave une eau lisse qui promet de belles navigations quand les conditions s'y prêtent, mais pour nous le vent est trop faible.

 

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On part donc explorer la baie et découvrons une eau limpide et un splendide platier de corail peu profond. La variété de poisson est infinie mais c'est surtout les couleurs des coraux qui nous ravissent avec notamment en fin de plongée la découverte d'un champ de bosquets de 1 à 5m de corail-branche violet! C'est carrément superbe! Nous y reviendrons avec le reste de l'équipe, c'est sûr!

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De retour, les garçons nous accueillent, le sourire au beau fixe, ne voulant rien raconter de leur plongée avant que tous soient là pour écouter!! Ils ont d'abord vu un énorme poisson-coffre, puis une tortue, puis… un requin pointe blanche, leur premier!!! qu'ils ont pu longuement observer à faible distance! Titouan est aux anges, surexcité comme jamais!

Les  plongées suivantes sont du même acabit, Titouan verra des requins à chaque sortie du séjour! Le reste de l'équipe a des destins variables, et on a tous des plongées différentes, mais on voit presque tous des requins pointes blanches et pointes noires (des requins de récifs donc, d'environ 2m et en principe inoffensifs), des tortues, d'immenses bancs de poisson, des thons en chasse etc etc…

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Si le site est un bon spot de vagues, c'est surtout un sanctuaire sous-marin exceptionnel! On nous avait prévenu! Du coup on profite un max et prolongeons notre séjour, ce qui nous oblige à déplacer notre tente de quelques mètres la 3ème nuit, histoire de ne pas perdre la main!

Le dernier matin, nous partons pour une dernière sortie devant notre tente, pour éviter l'aller retour de 40km à la baie, qui pourtant aurait été plus tranquille pour Marlyse. Ce n'est quand-même pas banal d'emmener une grand-maman de 76ans sur des sites de snorkeling infestés de requins, et bordés par des récifs connus pour leur vague de surf… Nous partons donc, Chap accompagnant sa maman "attachée" à un planche de surf, après un petit briefing, histoire de ne pas tous se faire emporter au large par le courant de passe. Après une demi-heure, Chap me rejoint en me disant que … oups, elle n'arrive pas à faire face et à ramener Marlyse au bord…! Suit une bonne lutte contre le courant, en essayant de maintenir Marlyse sur sa planche et en profitant de chaque petit rouleau pour la rapatrier sur la plage, content de ne pas avoir eu à nous laisser dériver en attendant de trouver une zone "rentrante" praticable! On tâchera de trouver plus "tranquille" à l'avenir. Nous sommes suivis d'assez près par Valé et Julie qui ont aussi eu un peu de mal à rentrer, puis Titouan, tout illuminé d'avoir encore vu deux requins. Quand je pense que je n'avais jamais vu de requin de ma vie avant une vision de quelques secondes en Thaïlande et que là en 3 jours, Tit en voit 7 et nous autres un bon nombre…, je me dis que la mer est bien habitée par ici! Ça relativise aussi pas mal nos craintes de surfeur, voyant que les requins de récifs sont plutôt craintifs et cherchent avant tout à nous éviter! D'accord, à Margaret River, c'était du Tigre et du Bulldog, donc une autre paire de manche!!

dimanche 22 avril 2012

De Carnarvon à Gnarloo

La nuit porte conseil c'est sûr, mais pas forcément aux prises récalcitrantes et c'est le statu quo en matière de connectique! J'ai évidemment plusieurs petits espoirs qui sont tous plus ou moins à Carnarvon.

Arrivé dans cette petite ville pauvre à la communauté aborigène importante, nous nous arrêtons d'abord au supermarché où les filles ont la gentillesse de faire les courses pendant que j'essaie de trouver des solutions à mon problème. J'ai vite fait le tour de tous les shops plus ou moins électronisés du coin puisqu'il n'y en a que deux dont un, une chaîne nationale, se targue d'être un Mac Official Dealer… : "Que nenni non point, mon bon Monsieur!" = "Nope, Mate, gotta go to Perh". Et me voilà au bout du fil avec l'Apple Store le plus proche à 1000km de là! A mon grand regret il n'y a pas de shop capable de me recevoir dans tout le nord-ouest à leur connaissance, et je n'ai plus qu'à me débrouiller même si on m'assure que c'est un cas pris sous la garantie… La belle affaire! Je finis par commander une prise de rechange et me la faire envoyer en poste restante 500km plus haut à Exmouth, étant sûr qu'on y passera pour ré-expédier Marlyse par avion dans 15 jours! On verra si ça marche! (la poste restante, bien sûr, pas la ré-expédition de la belle-maman!!, t'as déjà vu une belle-mère envoyée en poste restante??)

L'étape suivante est une visite de courtoisie à Mary qui nous proposait son jardin pour camper et que nous avons laissée dans l'inquiétude hier soir, en dehors de toute couverture téléphonique (on a quand-même reçu à 1h du mat' un SMS de sa part nous demandant ce qu'on faisait!! Impossible de répondre, c'est clair!).

Mary et son mari Konrad, ont atterri à Carnarvon il y a près de 20, après 16 ans de tour du monde avec un petit voilier de 9.50, façon péniche avec un mât, qu'ils ont traîné de l'Afrique du Sud à l'Amérique du Sud, du Nord, du milieu, avant de finir en Australie. Depuis le bateau est sur des plots, sans mât, et il n'a plus vu la couleur d'un anti-fooling depuis quelques temps déjà! Mary nous fait l'honneur de sa maison est nous entrons dans un garage rempli de machines-outils, Konrad étant mécanicien. La porte arrière, qui mesure un bon mètre trente (!!!) débouche sur une ménagerie en bonne et due forme. On est immédiatement assaillis par cinq chiots Sharpey de 15 jours de vie, qui pleurent à la mort leur repas, plusieurs perroquets multicolores, deux aigles et un lapin! Mary est passionnée par les animaux et son occupation principale et le sauvetage de bêtes blessées ou abandonnées. La route est son plus fidèle pourvoyeur et lui a valu les perroquets, les aigles et le lapin. Les animaux abandonnées malades et domestiqués sont soignés puis renvoyé plus ou moins contre rétribution aux 4 coins du pays par avion ou camion, et les animaux sauvages sont remis en pleine nature, le tout à ses propres frais! On assiste d'ailleurs à l'arrivée d'un kangourou très jeune (5 mois) et qui devra être nourris et transporter dans une poche jusqu'à 12 mois!

C'est un moment incroyable et privilégié que de pouvoir porter et observer ce petit symbole de l'Australie. Nous apprenons par la même que la mère a trois tétons, pouvant donc allaiter trois petits de différents âges en même temps, et ce qu'il y a de proprement extraordinaire, en leur fournissant trois laits de composition différentes! Mary doit donc jongler avec de multiples laits différents de provenances animales ou industrielles venant de Perth ou même de Sydney! Le tout à ses frais. Quand on sait qu'un kangourou coûte 1500$ à ramener à la vie sauvage, on devine que c'est un sacré mécénat et une belle passion! Il y a quelques semaines, elle avait douze kangourous simultanément à nourrir 5 fois par jours! Un boulot à plein temps assurément!

L'entrée dans l'appartement se fait à l'arrière de cette nurserie, et on est tout de suite accueillis par les chats qui doivent évidemment être tenu à l'écart des oiseaux! Mary nous présente ensuite un python, que l'on se passe de main en main, fascinés par la beauté et la précision du déplacement ainsi que par l'efficacité de l'accroche! La moindre aspérité lui suffit à générer une force qui lui permet de traverser et d'atteindre des endroits totalement hors de portée à première vue! Visite passionnante s'il en est! Tim nous avait prévenus que sa sœur valait le détour!!

On quitte Mary en milieu de journée pour Gnarloo (say: "Narlouou") à 157km au nord dont 125km de piste sans issue. En sortant de Carnarvon, une pancarte avertit "no water next 693km": nous voilà prévenus même si c'est faux en fait. Gnarloo est un spot mythique pour nos oreilles de planchiste car on en entend parler depuis 20 ans, notamment par Gus et PIM, des copains d'enfance et d'armée, qui en ont fait leur jardin secret des années durant, la vague étant totalement unique et l'une des plus belles du monde. Par ailleurs, et ce qui justifie de détour pour Marlyse, le site abrite les débuts du Ningaloo Reef, 250km de barrière de corail qui semble-t-il est bien mieux préservée que la grande barrière de l'autre côté de l'Australie, et surtout accessible depuis le bord en snorkeling. Marlyse se réjouit en effet beaucoup de découvrir les fonds marins avec son masque et son tuba! On nous a également beaucoup recommandé le coin et notamment un camping totalement perdu, à "3 Mile Camp", au bord du reef!

Après une vingtaine de kilomètre je réalise que notre convertisseur 12V-240V ne fonctionne pas et que nous n'arrivons plus à charger l'ordinateur de Marlyse… GASP… la situation électronique s'aggrave… car sans convertisseur c'est aussi les appareils de photos qui vont s'essouffler très vite et les lampes d'appoint. Et a priori, là où on se dirige, il ne faut pas compter sur de l'électricité… Me voilà en pleine gamberge à la recherche de solution et j'ai bien peur qu'il faille faire très simple pendant quelques temps!

Petit arrêt à Point Quobba pour regarder les "blow holes", trous souffleurs en bord de mer qui chassent l'eau et l'écume arrivées sous la roche comme de puissants Geyser. La suite de la piste est magnifique, longeant parfois de grandes plages et parfois traversant du désert et du bush, à perte de vue.

"3 Mile Camp" est un camping bien perdu sans d'eau douce avant Carnarvon c'est vrai à 157km, mais bien aménagé pour des gens qui acceptent la vie de bush, avec des douches d'eau saumâtre, des toilettes propres, et des emplacements plus ou moins ombragés car il n'y a que peu d'arbres mais avec une vue splendide sur une baie et le reef tout proche. Le spot légendaire est à quelques kilomètres au sud et une grande baie d'eau plus calme, avec un reef éloigné, est à 20km au nord. On n'est clairement pas au royaume des piétons… L'autre caractéristique du lieu ce sont les mouches… qui nous accueillent par milliard malgré le vent à notre plus grande tristesse! On nous avait prévenus que dès que le vent tombait, c'était l'enfer, et là en pleine baston, ce n'est déjà pas triste!

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samedi 21 avril 2012

Little Lagoon

Nous partons de bonne heure avec l'idée de travailler et de profiter du réseau à Little Lagoon proche de la ville et de sa couverture téléphonique. Quitter Big Lagoon est toutefois un peu difficile… Hormis le froid (qui commençait à nous déranger un peu en naviguant et le soir…) on a été enchanté par cet endroit, sauvage et reculé, hyper varié entre le sable clair, et la mangrove, la baie turquoise et les dunes et falaises rouge, son courant de passe sur 50m juste devant nos tentes et son immense étendue d'eau peu profonde derrière, et finalement notre idéale solitude!! Marlyse est vraiment conquise et nous parle à plusieurs reprises des nombreuses lettres qu'elle doit écrire pour décrire à ses copines le bonheur de visiter hors tourisme de masse. Ce devrait aussi lui permettre de valider les quelques récits peut-être un peu enthousiaste qu'elle avait lu sur notre blog et qui semblaient un peu trop beaux pour être vrais…

En sortant du parc national je fais demi-tour pour dissuader deux voitures non 4x4 de prendre la piste et tombe sur Laura et Stéphane, deux Parisiens de 25 ans croisés il y a quelques mois à Lucky Bay. Nous avions passé une soirée mémorable à essayer de forcer les serrures de leur voiture, après que Laura avait laissé la clé à l'intérieur et fermé la voiture. Tout le camping était réuni pou essayer d'être le premier à trouver le "truc" pour entrer! On les retrouve pas loin de 1500km plus au nord, le monde est vraiment petit. Depuis notre dernière rencontre ils sont remontés lentement de petit job en petit job, se posant notamment 6 semaines à Albany où on aurait déjà pu les recroiser! Tantôt cuisinier, tantôt ramasseur de fruits, ils avancent doucement sans trop de pression sinon d'essayer de prolonger au maximum leur séjour qui se termine normalement en décembre, leur laissant plus de champs qu'à nous.

Little lagoon est toujours aussi magnifique, balayé par de bonnes rafales de vent qui devraient permettre à Valé au moins de tirer quelques bords en attendant qu'on finisse l'école et les quelques tracasseries administratives en cours.

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Valérie fait un essai peu fructueux et abandonne, puis les garçons et moi faisons de même avec la même frustration… Vent totalement off (pas grave sur un lagoon de 500m de diamètre avec une piste qui fait le tour…) et irrégulier, mais avec des couleurs et des contrastes superbes. Nous partons vers 15h, en espérant pouvoir rejoindre Carnarvon dans la soirée.

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Deuxième arrêt et non des moindres, nous passons une petite demi-heure sur la plage de Shell Beach, une baie couverte exclusivement de petits coquillages presque uniquement de la même espèce sur plusieurs kilomètre et peut-être deux cents mètres de largeur! Blancheur immaculée et sensation très étrange que de marcher sur ces minuscules coquilles qui croustillent sous les pieds. Longtemps cette manne a été utilisée pour la fabrication de briques blanches que l'on retrouve à certains endroits à Denham. Une seule usine continue la récolte et la fabrication artisanale, à la fois par intérêt historique (tout le site étant au patrimoine mondial) et pour l'entretien des quelques bicoques les utilisant encore. On passe de longues minutes à jouer avec le vent et ce trésors que l'on se passe de main en main comme avec autant de pièces d'or: on joue comme des enfants à Oncle Picsou nageant dans sa piscine de pièces et cela a quelque chose de vraiment magique!

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Tempête électronique…

Il y a quelques jours notre compresseur à air a rendu l'âme en regonflant les pneus de la 2ème voiture au sortir d'une des pistes. C'est le genre de "gadget" qui peu paraître inutile, mais une fois dégonflé… et c'est parfois vital pour passer un bac à sable.. les pneus doivent être regonflés sinon c'est carrément dangereux! En plus, en cas de crevaison, c'est le seul moyen de restaurer un pneu réparé! Il va falloir en trouver un autre et vite car la suite s'annonce avec pas mal de passages 4x4… On avait acheté bon marché… "2x payé, toujours trop cher!" Disait le vieux! Et c'est pas la première fois qu'on se le dit. Mais quand on achète pour 6 mois, on cherche souvent le compromis… et dans compromis il y a … promis!

Pendant le trajet, je bringue, pour changer, pour savoir si l'ensemble des appareils sont en charge…: lampe torche de secours, lanterne de camping, accus des appareils de photos, borne wifi, iPad-Phone-truc et surtout notre MacBook Air…! Et pour changer un des responsables = rangée de derrière!! = un des enfants, me répond que ça ne marche pas! Il est vrai qu'on a depuis quelques jours des problèmes de charge, la prise semblant fait un mauvais contact au niveau de l'ordinateur. Je laisse passer et continue la route jusqu'à notre étape que l'on doit faire avant notre arrivée à Carnarvon, trop loin. Mauvais surprise donc, car effectivement, il n'y a pas moyen de charger l'ordinateur, qui plus est…, à plat! Mince! La prise est donc fichue, ou la batterie, ou pire le contact sur la carte mère! C'est le genre de truc qui me préoccupe… Tous nos fichiers importants sont backupés dans le "nuage" mais au quotidien c'est bien d'un ordinateur qu'on se sert, et pas d'une course d'un internet café à l'autre (qui n'existent pas ici, bien sûr). Il y a l'école et toute la documentation, le travail par mail (qui est heureusement aussi sur nos téléphones), la gestion des photos, des films, et évidemment notre journal blogisé qui est devenu une chose à la quelle nous tenons tous. J'explique donc les alternatives à la famille, mais le minimum c'est l'absence tout le côté informatique de l'aventure, qui va être plus simple c'est sûr, mais avec un petit goût amer le temps que cela se règle… et le retour transitoire au journal de bord avec un crayon, comme avant… avant!

Le somptueux couché de soleil nous fait oublier un peu de ces tracas bassement matériels et une fois la tente montée nous sombrons tous rapidement au bord de la route.

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vendredi 20 avril 2012

Excursion à Big Lagoon

Départ très matinal ce matin pour arriver à 7h30 après une heure de trajet en principe au petit déj' des dauphins à Monkey Mia. On est tous plus ou moins septiques à l'idée de se faire un bain de foule pour ça, mais l'envie qui domine est de pouvoir observer une fois vraiment de près ces animaux qui nous font tous fantasmer.

Le trajet et ses 30 kilomètres de piste rouge nous donne l'occasion de croiser une famille d'émeus avec une mère (probablement!) et 5 à 6 petits… on se dit que c'est soit une mère prolifique soit une garderie en course d'école! Ces rencontres en pleine nature sont toujours assez magiques et renforce notre sentiment mitigé quand au programme du matin.

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Sur place il y a déjà pas mal de monde, et on finira par être une bonne soixantaine. On voit tout de suite un groupe de dauphins qui tournent nous loin de la plage qui est réservée au nourrissage. L'équipe sur place chapeautée par un centre de recherche sur les dauphins et très prudente et fait tout pour minimiser l'impact de ce contact quotidien pas très naturel avec les humain. Zone de plage réservée et interdite à toutes activités humaines, nourrissage de seulement cinq femelles, avec seulement moins d'un kilo de nourriture alors que la ration quotidienne est de douze.

Peu après notre arrivée, Pucke, une femelle de 35 ans, se rapproche de la plage et s'installe sur le sable, nous regardant tantôt d'un œil tantôt de l'autre! C'est déjà assez surprenant, et les responsables n'aiment pas du tout ce comportement qui pourrait mettre le dauphin en situation périlleuse. Pas question donc de commencer la distribution tant qu'elle ne repart pas plus loin! On attend donc près d'une demi-heure à bonne distance, par un froid de canard renforcé par un fort vent du sud (air polaire donc!) que la demoiselle arrête son cirque! Ensuite tout le monde est convié à rejoindre la plage et à entrer dans l'eau en ligne jusqu'au genou. L'idée est d'éviter de présenter un risque qu'un dauphin se faufile entre nous.

Et puis nous assistons à la parade de Pucke qui fait de nombreux aller-retour à un ou deux mètres de nous. Les autres dauphins de la troupe sont à 50 mètres et semblent jouer. On les voit ainsi sauter et se pourchasser. Mais Pucke ne vient pas se faire nourrir. Tout à coup elle part à une vitesse dingue en zigzaguant et s'éloigne à travers les poteaux de la jetée toute proche! Comportement de chasse nous dit-on, plutôt rare à observer et qui explique son désintérêt précédant pour la nourriture: elle avait senti ou plutôt echo-localisé la présence d'une proie. On la voit donc chasser non loin de nous et on nous recommande de sortir pour éviter que la proie ne vienne se cacher derrière nos jambes risquant de provoquer un accident! Les dauphins sont paisibles mais très puissant et avec de bonnes dents quand-même! Pucke s'éloigne un moment et nous patientons. Pour ceux d'entre nous qui les avait suivis nous assistons à l'écart (à 100m du reste du public) à une jolie scène de bagarre entre un pélican et deux dauphins dont un bébé, qui se disputaient un poisson!

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L'image est magnifique dans un soleil de face qui rendait la mer d'argent. Chap et Valè sont aux premières loges et je les rejoins un peu tard pour filmer observant la scène entre les poteaux d'une deuxième jetée.

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Nous continuons à marcher quelques dizaines de mètres côtes à côtes avec cette paire, pendant que le reste du groupe attend le nourrissage. Pucke ne tarde pas à revenir prendre deux ou trois poissons je crois, puis disparaît avec le reste du groupe. Les autres femelles n'ayant pas pointé le bout de leur bec, leur "assiette" reste pleine et retourne au frigo… en attendant la prochaine visite! Jolie expérience que cette observation de près, même si on commence à aimer de plus en plus le côté privé, même si il est plus lointain, de nos rencontres fortuites avec les animaux dans leur environnement naturel.

Nous profitons du complexe de Monkey Mia (qui abrite aussi un camping, des bungalows et quelques échoppes) dont nous avons payé l'entrée (évidemment!) pour nous offrir une bonne douche et un café au soleil qui commence à redonner à la journée un aspect d'été… après la fricasse du matin!

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Sur le retour nous repassons par Denham refaire le plein d'eau et quelques courses et traiter un ou deux mails plus ou moins urgent, dont un litige avec notre loueur de Prevelly qui ternit un peu l'ambiance! Désaccord sur les frais de nettoyages, pourtant contractuels, qui nous oblige à changer de ton, ce que je déteste!

Sur la route nous repassons par Little Lagoon, le petit "lac" tout rond, qui est balayé par le vent et nous fait presque regretter d'avoir laissé le matos au campement, mais nous savons aussi que la journée à venir sera grandiose sur notre Big Lagoon privé sous un soleil radieux Enfin… car les trois derniers jours étaient voilés par une plus ou moins fine couverture de nuages élevés qui nous offraient de splendides levers et couchers de soleil mais qui nous privaient de chaleur. Le froid (relatif on est quand-même en t-shirt tous les jours!) nous poursuit encore un peu et les nuits sont très fraîches voir carrément froides pour Valè dont le sac "Lafuma-Extrême" n'est pas si extrême que ça…

Big Lagoon se présente au mieux aujourd'hui! La marée est encore assez haute pour couvrir les bans de sable, le vent est assez fort, environ 30 nœuds, et le ciel immaculé promettant de belles lumières! Nous partons rapidement avec Valé et faisons une excursion sous le vent en direction des autres bras du lagoon et notamment une grande partie sous le vent d'une presqu'île qui s'avère être extraordinaire de couleurs. La plage de sable blanc est émaillée de quelques mangroviers verts clairs tandis que les collines avoisinantes sont d'un rouge très vif et contrastent avec force avec le bleu et le turquoise de l'eau. La navigation dans un tel spectacle et sur une eau lisse est grandiose et après quelques photos, je repars chercher Chap et Julie pour qu'elles en profitent aussi. Je change d'aile aussi et passe de 8 à 10m naviguant surtoilé pour nous permettre de naviguer ensemble et de faire quelques images…

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Nous profitons ainsi de la journée jusqu'à la dernière minute relançant une session de wakeboard pour Jolan avec une corde plus solide… Quels rires!

jeudi 19 avril 2012

Big Lagoon

Le vent est au rendez-vous aujourd'hui et nous repartons pour un nouveau coin de la péninsule, la région de Big Lagoon où comme son nom l'indique se trouve un gigantesque lagon ou plutôt un réseau de lagons. Nous espérons y trouver plus facilement une zone avec la direction adéquate pour naviguer.

Nous nous rapprochons de l'entrée du parc et prenons une des pistes qui s'enfonce vers l'ouest. Dix kilomètres plus loin on arrive devant un immense lagon aux couleurs passant du bleu au turquoise bordé par des plages claires sur lesquels tombent tantôt des dunes de sable plutôt jaune, tantôt des falaises dans les rouges plus ou moins vif! Tout simplement grandiose!

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Et le vent qui fait écumer la mer laisse présager un magnifique session. Arrivé au campement, c'est effectivement quasiment parfait et nous nous apprêtons à passer la journée sur place quand on trouve une place de tente au bord de l'eau, "un peu" à l'abri du fort vent, et suffisante pour nos deux tentes. C'en est assez pour nous décider à replanter la tente aussitôt et à se re-poser pour un à deux jours. Le ranger croisé peu après nous confirme que l'on pourra payer l'extra à la sortie du parc et que l'endroit doit être magnifique pour kiter: pour nous ça veut surtout dire que ce n'est pas interdit et qu'on peut se lancer sans arrière pensée!!

Pendant qu'on monte le camp, les kids font leur travail quotidien, un peu distraits par la perspective de la journée qui s'annonce. Un brin de salade de riz dans l'estomac et c'est parti!

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A peine sur l'eau Valè voit une tortue et Julie revient en criant qu'elle a vu un petit requin! Puis Titouan découvre une zone sans fond où il repère des dizaines de raie, et enfin Jolan voit deux serpent d'eau à la surface! Le coin est habité, c'est certain! On passe l'après-midi à jouer, malheureusement pas tous ensemble, le vent étant trop fort, et nos deux 6m étant hors service au moins pour un moment. Julie est victime d'une explosion de son gros boudin en plein vol… probablement sur une erreur de ma part et une fermeture incomplète du zip lors de la précédente réparation! M…e!

Pour faire patienter Jolan qui attend sur la plage, je l'emmène faire un tour façon wake, tracté derrière moi en surf! Le démarrage nécessite un peu d'apprentissage mais on finit par y arriver.

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Je pensais que Jolan aurait de la peine à partir sans palonnier et sans barre à tenir, mais c'est en fait moi qui éprouve le plus de difficulté à partir. Je suis soulevé par le point d'ancrage que Jolan représente et j'ai de la peine à contrôler le kite qui de toute façon n'est pas fait pour ça! N'empêche on finit par y arriver et tirons quelques bords à deux, en attendant que les problèmes se présentent… ça ne tarde pas d'ailleurs! La corde finit par casser et je me retrouve propulsé en l'air comme lancé par une catapulte!! Pas de dommage, mais il faudra certainement affiner la technique et solidifier le système!!!

Cape Perron

La matinée est consacrée aux tâches ménagères et à l'école ainsi que, pour moi, au X-ième service de désensablage de mon appareil de photo – je commence à avoir l'habitude!

La plongée snorkeling dans la baie n'a rien d'exceptionnel, la visibilité étant très troublée par le sable, mais on aperçoit quand-même de loin des dauphins croiser au large et même un peu plus tard de très loin, un dugong dans le reef. L'endroit est au point de rencontre de deux courant, l'un froid du sud et l'autre chaud du nord et permet un microclimat très propice qui, associé à un herbier immense qui s'étend dans toute la baie, explique la biodiversité de la faune marine. On n'est donc pas dans des endroits très idéaux pour le palme-masque-tuba, mais on sent que la vie sous l'eau est très riche.

Balade sur la plage qui allie sable clair et rouge intense entrecoupé de roche noire sortant d'une eau turquoise et farniente de courte durée nous amène vite dans l'après-midi. On décide de rester une deuxième nuit sur place étant un peu essoufflés par le montage-démontage quotidien du campement. Cela permet aussi de laisser un peu de répit à Marlyse que l'on malmène un peu.

Nous partons donc à une voiture pour une excursion sur deux autres points du parc, de part et d'autre de la pointe, et à la pointe même du Cape Perron qui abrite une colonie de cormoran que nous observons de très près. La plage blanche (claire en fait!) contraste de manière particulièrement forte avec la falaise de sable rouge qui la domine et nous invite à la promenade. Seul l'éclairage un peu affaibli par une couverture nuageuse qui se densifie, ternit un peu l'après-midi.

20h30… et tout le monde est déjà couché! Quand on ne joue pas aux cartes, la lecture à la lampe frontale ne dure jamais longtemps et on bat des records en matière de coucher tôt! En fait 100% de nos grasses-matinées se font le soir. Il faut dire qu'on évite autant que possible les aller retour dans la tente. Le sable rouge envahit tout! On a beau avoir essayé une bâche intermédiaire entre l'extérieur et la tente, rajouter une sorte de pédiluve, on amène une quantité considérable de poussière ocre dans la tente. Si on se lave les pieds avant d'enter ils restent humides et se resalissent immédiatement au contact du sol de la tente, dans un état peu recommandable. Et nos matelas font pareil, suivis de près par nos sacs de couchage qui traînent par terre, bien sûr. Résultat, même si on se lave à l'eau de mer, qu'on fait la vaisselle et même occasionnellement la lessive (qui sèche au vent dont à la poussière), on ne dégage ni ne ressent une sensation de grande propreté… Les australiens du bush ont d'ailleurs un principe assez sage finalement en matière de propreté et de lessive: "on ne lave pas ce qui va être salis"! Voilà qui résume assez bien!

mercredi 18 avril 2012

Monkey Mia et Cape Perron

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Réveil très matinal (avant 6h), par un lever de soleil somptueux, sur cette magnifique baie turquoise, dominant une petit île couverte d'oiseaux. Perroquets, mouettes diverses et cormorans se partagent le ciel. Quand à l'eau, même si on ne voit rien, on sait qu'elle regorge de requins, raies, dauphins, tortues, et même dugong, ces sortent de tondeuses à gazon aquatiques du genre lamantin.

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Paquetage à la vitesse de l'éclair, nous déjeunons réchauffés par les premiers rayons et partons assez vite pour la ville histoire de faire le plein d'eau et d'essence, et de terminer mon stress de la panne. Ce dernier est encore un peu augmenté car je ne sais pas encore réamorcer ma pompe diesel et que je sais qu'une panne de full ne serait pas réglée juste par quelques litres de rab'. Il faudrait encore réamorcer cette pompe!

A Denham, nous trouvons de tout et remplissons la voiture avec 123 litres de diesel! C'est assez rassurant d'avoir ce réservoir de réserve et la mésaventure de hier nous aura permis d'aller au bout de ces deux réservoirs et de vérifier qu'on avait une sacrée autonomie! Reste à ne pas oublier d'adapter la consommation au terrain!

Nous partons ensuite à Monkey Mia où nous arrivons trop tard pour la becquée des dauphins qui déjeunent plutôt qu'ils ne dînent! Il faudra revenir à 7h30…

Départ bredouille, donc et arrêt non loin en suivant une piste de sable mou jusqu'à la mer. Belle baie, éclairage magnifique, sable jaune jouant avec la terre rouge, et les dauphins qui sont là pour nous dire bonjour, un peu trop au large pour nous permettre de bien apprécier, mais qu'on suit sur la plage en les regardant jouer! Beaucoup moins détaillé mais tellement plus naturel que le feeding pour touristes que nous viendrons probablement quand-même voir dans quelques jours!

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A 20 kilomètres de là nous nous arrêtons au bord d'un petit lagon (500m de diamètre) parfaitement rond et isolé de la mer, comme posé au milieu des terres. La zone est superbement équipée pour les touristes avec des BBQ tous les 300m et des toilettes, qui nous permettent de se sentir isolés, mais bien accueillis! Pendant que les enfants font un peu d'école à l'ombre, on a même la visite d'une famille d'émeus 5-6 d'entre eux qui passent à quelques mètres de nous dans un silence tel qu'on a bien faillis les louper!

Nous repartons après la pause de midi en direction du Cape Perron National Park au bout quel nous comptons passer les deux jours suivants. Piste bien molle nécessitant un abaissement de pression des pneus tellement évidente que l'entrée de la zone est équipée d'une station de gonflage-dégonflage. Ensuite c'est le bout du monde avec 50km de piste de sable rouge très mou et avec le quel on doit apprendre à négocier.

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Pour Valé c'est le début de sa vie de Paris-Dakariste et elle a beaucoup de plaisir à négocier la piste que nous avalons en une heure, avec ses alternances de sable très mou et de tôle ondulée. La X-trail louée à Perth est certes 4x4 mais elle a déjà démontré ses limites et on a bien conscience d'être un peu hors-programme! Arrivés au bout, on monte le camp à Gregory's bay, sur une aire de sable rouge au bord de l'eau. Le ciel qui s'est un peu couvert, nous offre une coucher de soleil somptueux comme souvent et nous passons la soirée à lire et à jouer aux cartes.

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mardi 17 avril 2012

Stromatolites et la Useless Loop...

On quitte de bonne heure cet endroit sans charme, pour continuer notre route au nord en direction de la région de Shark Bay. Il s'agit d'une immense baie limitée à l'ouest par une péninsule sauvage et réservée aux 4x4, et coupée au milieu par une autre grande péninsule (30km de large sur 100 de haut) qui se termine au nord par le parc national du Cape Perron. Au milieu une petite ville, Denham, seul point d'eau de toute la région grâce à une usine de désalinisation et donc passage obligé… C'est sur cette péninsule que ce trouve le célèbre Monkey Mia où des dauphins sauvages viennent se faire nourrir sur la plage pour la grande joie des touristes…

Au premier arrêt "pétrole", Valérie se rue sur un filet à mouche, et de mon côté je commet la grosse erreur de ne pas faire le plein. J'ai encore plus de la moitié de mon réservoir principal et 40 litres dans le secondaire et j'imaginais avoir à peu près l'équivalent de Valé. Ce détail va me pourrir l'esprit pour le reste de la journée!

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Nous arrivons d'abord à Hamelin Pool, au sud de cette immense région, où une vieille station de télégraphe nous accueille au bord de la mer et surtout à côté d'une curiosité mondiale qui vaut, entre autre, à toute la région, son inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO: de très rares et fragiles stromatolites. Ce sont des formations marines à l'aspect rocheux émaillant la baie peu profonde et très salée, produites par des cyanobactéries qui sont les premiers habitants de la terre! La couche vivante croît comme de manière centrifuge produisant une sorte de corail et recelant, comme un vieil arbre, une foule de renseignements que les scientifiques décodent pour connaître la météo, les températures et même les vitesses de variation de la rotation de la terre au cours des âges! La vie est arrivée sur terre il y a 3.5 milliard d'années sous la forme de ces bactéries, qui pendant deux milliards d'années ont été la seule forme de vie terrestre, produisant petit à petit l'oxygène qui a permit ensuite l'arrivée de la vie aérobie avec les premières plantes et les premiers animaux.

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Avec le plein d'eau et de nourriture nous décidons de commencer notre exploration de la région par un jour d'excursion à Steep Point, l'endroit le plus à l'ouest de l'Australie qui termine une piste de 120km, aller… L'aller-retour s'appelle Useless Loop, la boucle inutile…

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Nous voilà en route depuis 40km quand je réalise que ma jauge de carburant vient de faire un bond vers le bas! Mince… On fait de puissants calculs, évaluant l'autonomie acquise par 40 litres de réserve sur une piste, imaginant finalement qu'en cas de panne sur le retour ce serait assez proche de la prochaine station et que le dépannage pourrait être fait par un jerrycan qu'on irait chercher avec la voiture de Valérie. Sachant que nous n'avons pas le même carburant, tout siphonage de secours est exclu… Je suis donc évidemment peu fier de mon erreur et un peu préoccupé mais nous continuons la route, à peu près sûr que cela passera. Mais ce "à peu près" me pèse un peu! La piste est très longue et belle, et nous croisons plusieurs émeus, ces espèces d'autruches et de nombreux kangourous, pour le plus grand plaisir de Marlyse et de Valérie qui n'avaient pas encore vu d'émeu.

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Nous pensions atteindre un campement libre en bord de mer mais la propriété est fermée et nous oblige à continuer vers le campement suivant qui est au bout de la piste, qui petit à petit devient de plus en plus difficile, d'abord sous forme de tôle ondulée de plus en plus cassante, puis de sable de plus en plus mou. Finalement une montée nous oblige à dégonfler nos pneus et malheureusement cela ne suffit pas à permettre à la voiture de Valérie de nous suivre, malgré plusieurs essais! C'est un deuxième revers qui nous oblige à revoir nos plans. Il est 5 heures et demie, la nuit ne va pas tarder et le campement visé, qui n'est plus qu'à 8km…, n'est plus accessible. On hésite donc à se poser au milieu de la piste, ou de faire demi-tour pour rentrer sur la péninsule principale où nous sommes sûr de pouvoir camper sur un site autorisé. Le camping sauvage est peu apprécié ici et nous avons déjà rencontré des gens qui avaient payé 150$ par personne pour avoir dormi hors des "clous"! Multiplié par 7, on n' a pas tellement envie de faire le calcul! Reste la solution d'essayer de tracter Valérie à la montée, mais mon niveau de carburant ne me permet pas de faire le malin. Qui plus est le tractage sur du sable est dangereux et très technique et je ne suis pas sûr d'assumer, surtout qu'on ne sait encore pas si le passage difficile est court ou s'il ne serait que le début d'une grosse galère…

Nous choisissons donc l'option "retour de nuit" et roulons jusqu'au coucher du soleil que nous admirons depuis une bute en mangeant une morse. Ambiance complétement magique à 100km de la première route et à 150 de la première maison.

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Nous reprenons la route, croisons un renard, et 200m plus loin nous apercevons sortie de nullepart, une voiture qui emprunte une zone fermée de la Useless Loop. Cette portion de route amène à une zone sauf erreur militaire; nous passons donc tout droit, et nous arrêtons 100m après le croisement pour être sûr que Valérie et Marlyse suivent… Eh bien c'est non! Sur le quasi seul embranchement de cette piste, on croise la seule voiture à 100km à la ronde, au seul moment où on n'est pas exactement visible, et Valé qui voit les phares s'éloigner à gauche, prend la route fermée…! Ne la voyant par arriver, on fait demi-tour, et nous voyons aussi des phares s'éloigner sur la mauvaise piste… mais est-ce la Xtrail de Valé ou la première voiture croisée? Nous savons que si nous essayons de la rattraper et que ce n'est pas Valérie, nous risquons de la louper si elle est restée en arrière… Problème Cornélien! On dépose donc Chap et Titouan avec des lampes au croisement, je fais l'aller-retour vers le dernier point où je suis sûr d'avoir vu Valérie derrière moi (au croisement du renard) et reviens bredouille! Elle a donc suivi la mauvaise voiture! Et m… ! La fausse piste fait 30 km, et je n'ai pas assez de carburant pour jouer la course-poursuite. Nous décidons d'attendre là, voir de camper sur place, mais malheureusement la tente et les matelas sont dans l'autre voiture! Et nous avons la table pour jouer aux cartes, mais pas les chaises!!!

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Et évidemment pas de moyen de communiquer, la région étant bien sûr sans réseau téléphonique! Une demi-heure plus tard, nous sortons les cartes et commençons la distribution sur le capot de la voiture encore chaude. Là, nous apercevons des lumières à l'horizon (l'horizon ça peut faire loin!) et un quart d'heure plus tard, Valérie arrive, tout sourire et pleine d'autodérision…

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Le moins qu'on puisse dire c'est que la Useless Loop aura bien porté son nom aujourd'hui! On roule encore deux bonnes heures, croisons la première station essence, fermée bien sûr, et prenons la direction de Denham, la ville de la péninsule "principale" où nous trouverons de quoi dormir et faire le plein.

Dernier petit revers, les campements sont tous soumis à permis, qui sont à demander, quand c'est ouvert, à l'office du tourisme du coin… C'en est trop et on part se cacher à Eagle Bluff, magnifique surplomb au-dessus de la baie où nous montons, à pas d'heure, la grande tente seulement se promettant d'avoir tout rangé au lever du jour.