jeudi 8 décembre 2011

Khao Sok National Park

Protégé par une moustiquaire, nous passons une nuit au calme et après un petit déj improvisé (le Bed & Breakfast ne fait en fait pas le Breakfast!!!) nous partons pour une deuxième balade dans le parc national de Khao Sok que nous avions brièvement visité la veille. Nous optons pour un autre itinéraire a priori plus sec et entretenu que le premier.

Après quelques centaines de mètres, Jolan voit une sangsue dressée au milieu du chemin (il a bonne vue car ça fait la taille d'une petite allumette). A notre passage elle se met à "danser", humant l'air, et ne tarde pas à nos sentir.

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A un mètre de mon pied, elle entame un sprint et vient se coller à ma chaussure, ne tardant pas à entrer par un trou d'aération! Je filme la scène avec amusement puis me dépêche d'agir avant qu'elle ne traverse la chaussette. Une vérification chez Jolan nous montre qu'une autre a déjà réussi le même parcours et commence à attaquer la peau de son pied! Ejection et décision de nous protéger un peu mieux, même si d'autres promeneurs croisés étaient chaussés de tongs… Nous sortons nos armes secrètes: des sacs plastiques. Un promeneur Thaï nous aide à scotcher ces guêtres improvisées et nous apprend que les sangsues ne sont pas dangereuses mais que l'idée du plastique et certainement bonne!

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C'est donc protégés au moins jusqu'à mi-mollet que nous continuons sur le chemin des sangsues. Reste à se méfier de ce qui tombe des arbres et de ce qui se tend en travers du chemin comme ces toiles d'araignées géantes que nous croisons de temps à autres.

Notre piste s'étend sur 7km et longe une rivière et son lot de cascades et de "piscines". La chaleur est suffocante et l'humidité très élevée nous laisse dégoulinant de sueur dès le moindre effort. Nos progressons deux heures sur un sentier de plus en plus escarpé et glissant au milieu d'une jungle dense et humide, observant les insectes, les araignées, ou les lézards.

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Au détour d'un bosquet nous croisons une famille de singes gibbons peu farouches et nous passons un long moment à les observer manger et jouer dans les branchages à quelques mètres de nous. Nous sommes fascinés par leur ressemblance avec nous, et à un certain point on se demande même qui observe qui.

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Un jeune, s'approche et nous dévisage avec curiosité, tandis qu'un des adultes le surveille et vient par moment le dissuader de s'approcher encore. Il est à moins d'un mètre prêt à nous serrer la main…

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La nature est forte ici, et nous sentons une fois de plus que nous n'y sommes pas "à la maison". La chaleur nous assomme et nous n'arrivons pas à nous réhydrater à mesure… si bien qu'à mi-chemin déjà, nous décidons à l'unanimité de faire demi tour… fuyant cet environnement hostile et fascinant.

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Sur le retour Chap et moi piquons une tête dans un des méandre de la rivière, à un endroit mentionné comme "baignable". Un peu d'appréhension tout de même, ne sachant pas vraiment si la rivière ne peut pas aussi bien rafraîchir un ou deux crocos et l'un ou l'autre serpent d'eau. Autour de nous c'est le bal des araignées d'eau… mais sont-elles aussi inoffensives que les "nôtres"?? Nous avons beau n'être qu'à deux heures de marche de l'entrée du parc, nous sommes moins à l'aise que Mike Horn à la nage au milieu de l'Amazone… Les trois enfants nous regardent, pas très envieux. Même assis par terre on ne sait pas vraiment ni qui ni quoi ni quand, mais on sait qu'on peut se faire piquer ou mordre ou pincer à tout moment, et ce sentiment d'insécurité et de doute permanent nous laisse peu à notre aise. Nous sommes simplement victimes de notre ignorance…

-       "Apprivoiser? "

-       "c'est une chose trop oubliée" dit le renard, "ça signifie: créer des liens…"

Quel que soit le contexte de notre voyage nous mesurons la vérité de cette petite phrase du renard du Petit Prince. Que ce soit face aux hommes, par rapport à des lieux, à des animaux, à des magasins, nous nous rendons compte à quel point nous nous sentons tout de suite mieux au deuxième regard, à la deuxième visite. Les gens nous reconnaissent et nous sourient plus vite, nous mêmes étant plus ouverts, les lieux nous sont plus familiers, les animaux nous inquiètent moins…

-      

-       Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…"

Renard

(c'est peut-être un peu fleur bleue, mais qui a-t-il d'aussi beau que "Le petit Prince" ...?)

J'espère que nos enfants pourront apprendre ceci et consacrer leur temps à apprendre et à apprivoiser, à créer des liens, plutôt qu'à se barricader dans leurs aprioris. C'est peut-être un des enseignements de notre voyage. Contrairement à des escapades de 2-3 semaines comme nous pouvons le faire dans le cadre de trop courtes vacances, nous recommençons, durant notre année sabbatique, chaque semaine ou chaque mois,  cet apprentissage de l'autre. Chaque village, chaque foyer est au centre de son monde, et pourtant nous sommes tous les mêmes, avec les mêmes craintes et les mêmes joies… Nous apprenons aussi à apprivoiser notre terre et nous mesurons en la parcourant, à la fois son immensité et sa petitesse, sa puissance et sa fragilité.

La jungle, comme la mer, comme la montagne, comme le désert, nous remettent à notre place.

Le lendemain nous quittons le parc et immédiatement dehors nous reprenons un petit sentier à pied pour un remake du "trek" de la veille à la recherche des "Rafflésies", gigantesques fleurs visibles ici. En fait ce ne sont ni plus ni moins que les plus grandes fleurs du monde et elles n'existent plus qu'en ce seul endroit… Nous marchons un peu, pas très sûr de la précision de la carte que nous avons, et certains de ne trouver que des fleurs encore fermées, infos que nous tenons d'un rangers… Après une heure Julie, Titouan et moi, abandonnons, dégoulinants de sueur et pas très motivés par le manque de renseignements à disposition. Chap et Jolan poursuivent une demi heure, mais reviennent bredouilles…

Nous reprenons la route en voiture vers le sud et traversons de vastes plaines parsemées d'immenses pains de sucre couverts de forêts. Les faces sont verticales et laissent parfois apparaître le calcaire blanc qui les forme. Le paysage est somptueux et fait pensé à la baie de Halong, en version terrestre. Une brève visite du barrage de … nous montre l'aspect de ces plaines une fois couvertes d'eau, ne laissant plus qu'apparaître certains de monticules. C'est magnifique et les locaux ne si sont pas trompés, proposant des tours en bateau pour visiter la jungle depuis le lac et des nuits en bungalows flottants. Un peu artificiel mais très beau quand-même.

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Nous atteignons la côte après 2-3heures de routes et passons la nuit près de Krabi, pendant de Phuket de l'autre côté de la baie, dans un petit groupe de bungalows isolés juste parfait pour nous… avec une jolie terrasse pour le déjeuner...

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