Malgré l'absence de soleil pour nous réveiller, nous sommes debout à 6h… Notre coin de forêt abritent des centaines de kakatoès gris au poitrail rose et de grande perruches à collier, qui caquètent très bruyamment en dessus de nos têtes. On a vraiment l'impression d'être dans une volière!!

"Chasser le naturel il revient au galop! ". Nous continuons l'optimisation de la voiture et tapissons le coffre de plastique pour éviter que notre plancher en bois ne se détériore trop vite.

Nous voilà donc à jouer les tapissiers, comme à la maison!!
Après quelques heures de route nous atteignons la portion ouest du parc, qui est comme on peut l'imaginer, gigantesque: 3300km2! L'impression d'immensité est encore renforcée par le fait que nous avons vraiment l'impression d'être complétement seuls et que, hormis la route principale qui longe le parc sur sa frontière nord, toutes les routes sont non goudronnées. Nous enchaînons donc plusieurs heures de piste, avec une tôle ondulée qui passe de très fine à très rugueuse, rendant la conduite un peu difficile. Quand on est à 90 pour survoler la tôle, qui devient alors imperceptible, et qu'elle grossit d'un coup pour faire des bosses de 20cm tout les mètres… alors on a vraiment l'impression que tout va casser dans la voiture qui se met à vibrer comme si elle allait se disloquer… Evidement entre temps on avait ralenti, mais même au pas on se fait secouer! La portion rugueuse terminée, on accélère timidement jusqu'au prochain avertissement! C'est un peu pénible! L'autre aspect particulier de ces tronçons, c'est la solitude… et le fait que nous n'avons pas de cartes très détaillées. Difficile donc d'être sûr d'être sur le bon chemin, et quand ça dure une heure… on a quelques inquiétude!
A côté de cela, il y a la nature… Et Fitzgerald est juste une pièce unique! Les plantes semblent sorties de l'imagination d'un dessinateur et nous surprennent les unes après les autres. Je l'ai déjà dit, mais l'Australie est un écrin où se sont développer des centaines d'espèces endémiques, mais à Fitzgerald bien des espèces sont endémiques au parc! On ne peut donc que s'étonner de rencontres en observations de la richesse de la nature.

Avant de venir on connaissait bien sûr les principales stars de ce pays: kangourous et koalas. On en croise de plus en plus, y compris en grand groupe, jusqu'à plus de 30 individus. Mais les autres sont tout autant incroyables… et inhabituels: varans, serpents, araignées géantes, opossums, perroquets, kakatoès etc… Sous l'eau c'est le même étonnement et la flore n'est pas en reste. En fait que ce soit au niveau de la faune terrestre, des oiseaux, de la faune aquatique ou encore de la flore, chacune est endémique entre 85 et 95% ce qui montre à quel point on peut être surpris ici!

Une habitante des lieux... sous notre tente...
Nous mangeons à Point Ann, point bordant une baie connue pour être une maternité pour baleine à la haute saison, mais nous sommes 3 mois trop tard. Le coin est néanmoins magnifique et sauvage, mais équipé à l'australienne: une table et une barbecue. Pour éviter les feux sauvages et les risques d'incendie, chaque arrêt dans les parcs nationaux est équipé d'un barbecue au gaz avec une grande plaque à griller et deux brûleurs à gaz... gaz fourni! Génial et gratuit! On est donc souvent en manque d'eau mais jamais de plan de cuisson, du moins dans les parcs nationaux!

La petite pause repas est aussi l'occasion de faire un brin d'école, et pour Julie encore un peu de conduite: au menu, parkings et démarrage en côte! Le retour à la conduite à gauche va être difficile! Mais quelle conductrice! qui aura appris à conduire sur un camping-car de 7m et une conduite à droite 4WD de 4 tonnes et 4.5 litres!!

Nous arrivons au bout du parc en bord de mer dans une section où le 4x4 est indispensable en raison de sable mou sur la plage mais nous ne nous attendions pas en plus à devoir traverser une rivière. Je pars ausculter le fond et j'ai de l'eau jusqu'au dessus du genou avec un sol qui a l'air dur mais avec quelques zones où je m'enfonce un peu.

On est très tenté d'essayer car la ville est toute proche de l'autre côté, et rebrousser chemin représenterait un nouveau gros détour par une piste défoncée. A l'embouchure, le niveau est trop profond et l'eau salée ne me dit rien qui vaille. Nous partons tester un autre gué, plus amont, et dérangeons un groupe d'énormes pélicans.

La portion à traverser est très longue, plus de 200m, moins profonde mais également avec des zones où je m'enfonce à pied à travers une "croûte" de sable dur.

Là encore nous hésitons et préférons remettre à plus tard notre première "vraie" bêtise! Ce nouveau revers nous fait à nouveau perdre passablement de temps et nous obligera à arriver de nuit à notre prochain but.
Sur le trajet nous nous arrêtons à la seule station essence, qui est souvent un passage obligé tant les distances sont grandes. On y trouve outre du carburant, du matériel de pêche, une librairie, des films à louer, de la glace, des outils divers et variés. Côté alimentation c'est comme souvent la déception, avec surtout des chips et d'autres junk food avec de la bière en abondance; pas étonnant que l'obésité soit un des problèmes majeurs de santé publique en Australie!
Nous profitons de la douche publique et de l'eau à disposition après et avant nos quelques jours de camp en plein bush. L'hygiène est certainement l'élément dans notre année de voyage qui demande le plus de "souplesse"… Entre le Népal où tout était limite mais où nous trouvions toujours de l'eau et le bush australien où nous n'avions rien, pas même de l'eau, mais une voiture pour trimbaler l'essentiel, il faut être assez détendu. La vaisselle doit être faite correctement en raison des quantités astronomiques de fourmis qui habitent le sol, PARTOUT! Les plus grosses, les inch-aunts (= fourmis d'un pouce) font comme leur nom l'indique la taille d'un pouce et pincent si fort qu'il vaut vraiment mieux éviter de se faire toucher par une seule.

On s'arrange donc pour ne rien laisser trainer en matière de nourriture, sans compter que les restes attirent aussi les souris qui elles attirent les serpents. Nous sommes donc "intraitables" sur la propreté de la cuisine. Côté lessive, chacun s'occupe de ses affaires et y va de sa méthode perso. Jolan, pour ce qui le concerne, économise beaucoup l'eau… et de mon côté je tâche de me doucher habillé quand c'est possible pour savonner mes habits sur l'homme le plus souvent, faisant d'une pierre deux coups. La tente est quand à elle toujours un prolongement du bush, et on a beau faire attention, tout est toujours plein de poussière et de sable. De toute façon on en a partout… même dans la voiture, la poussière étant si fine qu'elle entre à travers les joints des portes et du coffre pendant qu'on roule sur les pistes et nous tournons donc au "rouge" petit à petit.

Chap dépoussière sa brosse à dent...
Nous arrivons de nuit à Waychinicup, tout petit parc national, proche d'Albany, qui nous a été recommandé par Nick, rencontré à Lucky Bay et qui nous a promis un très joli coin dans le quel il a pu observer une grande troupe de dauphins. C'est également l'occasion de retrouver Kyttie, Josh et leurs enfants qui sont arrivés un jour plus tôt.
Le camp est très sauvage, sans eau, mais à côté d'une rivière qui se jette dans la mer après de nombreux méandres entre de grands blocs de granit. Les emplacements de tente (une dizaine au total) sont très espacés et il est même impossible de voir ses voisins.
Dès notre arrivée nous allons dire bonjour à la tente d'à côté, à une cinquantaine de mètre, et les gars présents profitent pour nous montrer le python qu'ils viennent de trouver à côté… Joli petit serpent d'un mètre, très fin et magnifiquement dessiné… Python? Pas python?? On en sait trop rien! Josh résume ainsi avec son accent incroyable: "Si c'est long et que ça n'a pas de pattes et que ça a l'air méchant… ça s'appelle un serpent! Et les serpents, tu les laisses tranquilles! ". De retour à notre tente nous sommes accueillis par un opossum qui nous regarde, à moins de deux mètres, de ses grands yeux ronds juste en dessus de la table à manger où Titouan prépare le repas. On a vite fait de baptiser notre nouveau voisin "Roxy", et vu son peu de timidité, on s'attend à le revoir!

"Roxy" passe la soirée à tourner autour de la tente, à grimper dans notre linge, et à nous dévisager pendant le repas.
