J'ai donc craqué pour un Kindle… j'ai plutôt la réputation d'être un peu geek et évidemment ce dernier achat m'enfonce un peu plus aux yeux de ma famille qui ricane beaucoup.
N'empêche. Depuis le début de notre voyage je me suis mis à lire, certes assez peu par rapport à beaucoup de gens, mais infiniment plus qu'avant. Je trimbale donc toujours un bouquin avec moi et je les laisse derrière moi dans les hôtels ou les auberges de jeunesse. La plupart de backpackers fond de même et prennent en échange un autre livre. Mais le choix est misérable et je n'ai pas assez lu dans ma vie pour qu'il ne me reste plus que les nazzeries à disposition dans les caisses poussiéreuses. Je m'étais donc lancé il y a quelques mois dans les livres électroniques, que je lisais sur mon iPhone ou l'iPad de Véronique. Il faut bien avoué que ni l'un, trop petit, ni l'autre trop lourd, ne sont les formats parfaits, mais surtout ils ne permettent pas de lire au soleil à moins de se griller les yeux à essayer de passer entre les reflets de l'écran. En plus l'autonomie de la batterie est proprement misérable. Lire à la plage revient à condamner son téléphone, à moins de passer son temps à le recharger, et je ne vais pas déployer un panneau solaire pour ça!!!
Me voilà donc depuis une semaine l'heureux propriétaire d'un Kindle et pour l'instant je trouve cela assez dingue! L'écran est incroyable, il faut juste arrêter de s'imaginer qu'on peut augmenter le retro-éclairage et donc dès qu'il fait sombre, il faut allumer "une autre source" lumineuse. A force d'être scotché devant des écrans, on a tendance à ne pas comprendre pourquoi cet écran-là n'est pas éclairé! Mais alors, quel confort de lecture et quel plaisir pour les yeux!
Le grand avantage pour moi, c'est que j'ai une vraie bibliothèque sous la main. J'ai en fait souvent envie de lire, mais un peu par flemme, un peu par manque d'organisation, il y a dans ma vie toujours quelque chose qui vient se mettre entre mon premier élan vers le livre, et le moment où je l'ai dans les mains, ce pour autant que j'ai accès au dit bouquin! Avec les livres électroniques, la bibliothèque est infinie, et toujours sous la main!
Evidemment… ce n'est pas du papier, et on ne peut pas triturer, corner, plier, annoter (quoique) le livre comme j'adore le faire en vrai. Et surtout on ne peut pas survoler…
Ce n'est donc en rien comparable à un livre qu'on aime, qu'on fait vivre et qu'on collectionne, mais cela permet de voyager quand même! En une semaine je viens de me "refaire" les classiques de St-Ex, dans l'ordre pour un fois, "Courrier Sud", "Vol de Nuit" et "Terre des Hommes", et c'est un bonheur. Je pense que le fait que je me sois mis à écrire presqu'au quotidien n'est pas étranger à mon plaisir de lire, mais je me délecte à lire et à relire certains passages tant ils sont beaux! C'est assez nouveau pour moi qui ai plutôt tendance à aller vite!!!
Et puis dans le cas de St-Ex, il y a le côté pilote. Quelle chance nous avons d'avoir eu un pionnier de l'aviation qui soit un tel poète et de pouvoir revivre ces grands moments de la conquête de l'air qu'on été les années de l'"Aéropostale". A un moment où nous parlons beaucoup avec les copains (par e-mail... on est loin des sacs de lettres acheminés à travers le Sahara ou les Andes) de nous remettre à voler en parapente, les descriptifs de Saint-Exupéry sont un pur régal. Et par exemple, on se rappelle tous un long vol vers l'inconnu, et le sentiment que l'on a une fois retrouvé le plancher des vaches, a s'étirer un peu dans notre champ et à reprendre contact avec le monde d'en-bas.
"Deux minutes plus tard, debout sur l’herbe, j’étais jeune, comme posé dans quelque étoile où la vie recommence. Dans ce climat neuf. Je me sentais dans ce sol, dans ce ciel, comme un jeune arbre. Et je m’étirais du voyage avec cette adorable faim. Je faisais des pas allongés, flexibles, pour me délasser du pilotage et je riais d’avoir rejoint mon ombre : l’atterrissage." Extrait de Courrier-Sud
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